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Faut-il réviser notre jugement sur la place des femmes dans l’histoire de l’art ?

Giovanna Garzoni, Nature morte avec des cerises sur une assiette, des cosses de fèves et une abeille,1642-1651

Giovanna Garzoni, Nature morte avec des cerises sur une assiette, des cosses de fèves et une abeille,1642-1651, © Galerie des Offices, Cabinet photographique, Florence

09.04.2024 - Article

À Remagen (Rhénanie-Palatinat), un musée d’art propose une stimulante exposition sur la place des femmes dans l’histoire de l’art européen. Elle réunit les œuvres de 51 femmes peintres majeures en embrassant huit siècles, du Moyen-Âge à l’époque moderne.

Certains de leurs chefs-d’œuvre prenaient la poussière dans les dépôts des musées. Les femmes peintres de l’histoire européenne ont fait l’objet d’un oubli et d’une mise à l’écart systématiques. À moins qu’elles ne soient reconnues… à titre d’exception ! Mais les choses changent. À Remagen, en Rhénanie-Palatinat, une exposition les met à l’honneur.

Elle s’intitule « Des maestras. Femmes peintres 1500-1900 » et se visite au musée Arp Gare de Rolandseck à Remagen, en Rhénanie-Palatinat, jusqu’au 16 juin. Elle présente 68 œuvres signées par 51 artistes. Outre de belles découvertes artistiques, elle dévoile la fascinante capacité de ces artistes à s’affirmer pour s’exprimer sur la toile.

Huit siècles d’art au féminin

En effet, les « maestros » au féminin ont existé dès le Moyen-Âge. À partir de 1 200, on les trouvait dans les couvents de femmes comme enlumineuses ou autrices, à l’instar d’Hildegarde de Bingen ou de Gisela von Kerssenbrock. C’étaient des artistes hautement spécialisées, qui signaient leurs œuvres. Certaines se portraituraient même à côté des scènes religieuses qu’elles illustraient.

Helene Funke, In der Loge (litt. : Dans la loge), 1904-1907, Lentos Kunstmuseum Linz
Helene Funke, In der Loge (litt. : Dans la loge), 1904-1907, Lentos Kunstmuseum Linz © VG Bild-Kunst Bonn 2024/ photo : Mick Vincenz

Sept cents ans plus tard, nous voici au début du 20e siècle. L’art commence à se libérer des contraintes de la forme et de l’objet. Peu à peu, il s’émancipe aussi des frontières de genre. Paula Modersohn-Becker, Käthe Kollwitz, Gabriele Münter ou Suzanne Valadon ont compté parmi les artistes les plus innovantes de leur époque. Des arts plastiques au design et à la mode, elles se sont construit un style avec beaucoup d’application, et ont joué un rôle actif dans des associations d’artistes.

Entre les deux, l’exposition révèle le rôle et la créativité insoupçonnée de ces innombrables générations de femmes artistes que l’histoire a négligées : les artistes de la Renaissance italienne, les peintres de genre du baroque hollandais, les mécènes et hôtes des salons à l’époque des Lumières, les reines du style de cour de l’époque rococo, les princesses de la nature morte inspirées par les découvertes en sciences naturelles des 16e et 17e siècles, les artistes du 19e siècle écartelées entre leur rôle traditionnel et leur besoin d’émancipation.

On découvre l’autonomie des artistes des Lumières qui étaient indépendantes et avaient des activités dans toute l’Europe, d’Élisabeth Vigée-Le Brun à Dorothea Therbusch et Angelika Kauffmann. On apprend l’indépendance et la prospérité des peintres de nature morte du 17e siècle, dont quatre furent admises à l’Académie des arts de Paris lors de sa création. On note, enfin, que la première femme à intégrer la Royal Academy, en 1922, fut la portraitiste et féministe britannique Annie Louisa Swynnerton.

A.L.

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