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Clara Schumann : l’art est l’air que je respire

Clara Schumann

Clara Schumann , © picture alliance / opale.photo

13.09.2024 - Article

Elle était pianiste, compositrice, professeure de piano, superstar – et c’est la femme la plus célèbre de l’histoire de la musique. Un portrait à l’occasion de son 205e anniversaire.

Après son dernier concert en Angleterre, en 1888 à Londres, la scène se transforma en une mer de fleurs, le public rendant hommage avec plus de 150 bouquets de fleurs à la célèbre pianiste allemande qui, dès 1856, sut conquérir les Britanniques par son talent. Il ne fait aucun doute que Clara Schumann, née le 13 septembre 1819 à Leipzig (aujourd’hui dans le Land de Saxe), était en son temps une superstar. Et une femme sûre d’elle aux multiples facettes : enfant prodige, virtuose, épouse, mère de huit enfants, veuve, professeure, compositrice et éditrice des œuvres de son mari, Robert Schumann. Elle joua d’ailleurs notamment le cycle pour piano Carnaval, op. 9 de celui‑ci lors de son dernier concert en Angleterre.

Une femme sûre d’elle et une superstar

« La pratique de l’art constitue une grande partie de ce que je suis, c’est l’air que je respire », a‑t‑elle écrit un jour. Peut‑être la musique l’a‑t‑elle sauvée après qu’elle a été séparée de sa mère, le jour de son cinquième anniversaire. Car cette dernière, elle‑même pianiste et chanteuse et sans doute aussi une femme avec une grande confiance en elle, avait divorcé de son mari et ainsi dû renoncer à son droit de garde en vertu de la législation en vigueur à l’époque. Durant les années de querelles du couple, la petite fille sensible devient muette. Elle retrouve cependant la parole lorsqu’elle emménage chez son père, Friedrich Wieck, libraire musical et professeur de piano à Leipzig. Elle trouve également un nouveau moyen de s’exprimer : le piano.

Le père s’interpose entre les amants Clara et Robert

Clara et Robert Schumann – Lithographie de 1847 
Clara et Robert Schumann – Lithographie de 1847 © picture-alliance / akg-images

Il n’est ainsi pas étonnant que le père de Clara souhaite voir la carrière de sa fille se poursuivre sans distraction. Lorsqu’un de ses élèves s’intéresse à elle et elle à celui‑ci, il perd son sang‑froid et tente d’écarter le trouble‑fête du nom de Robert Schumann. Mais c’est sans compter sur les forces prodigieuses que la vie a conférées à sa fille. Elle dédie à son bien‑aimé son opus 3 intitulé Romance variée pour le piano et, lui lui fait parvenir ses Impromptus, op. 5 dans lesquels il retravaille le thème musical de son œuvre à elle. Friedrich Wieck interdit à sa fille de voir Robert Schumann et l’envoie faire une tournée de concerts à Vienne puis à Paris. Il souhaite empêcher que la carrière d’artiste de Clara décline si elle se marie, intente un procès à Schumann qui, à ses yeux, est un alcoolique indigne de sa fille – mais tout cela en vain. Les deux amants se fiancent en cachette et, après avoir reçu la permission du tribunal, se marient le 12 septembre 1840.

Les livres sur ce couple d’artistes remplissent des bibliothèques entières. Les premières années passées à Leipzig, la poursuite de sa carrière envers et contre tout, notamment un mari qui a besoin de calme pour composer de sorte qu’elle ne peut pas s’exercer, la réconciliation avec son père, le déménagement à Dresde en 1844, suivi d’un autre six ans plus tard à Düsseldorf, où Robert Schumann avait trouvé un poste de directeur musical : chaque détail de la vie de Clara, aussi petit soit‑il, est documenté dans des lettres et des journaux intimes, dans des rapports rédigés par des contemporains et dans des revues de concert. Ils dessinent le portrait d’une femme qui essaie de s’épanouir entre son métier et sa famille et qui écrit à son ami Johannes Brahms : « C’est ma vocation. »

Clara Schumann – vers 1866
Clara Schumann – vers 1866 © picture alliance / opale.photo

Sa relation avec son collègue Johannes Brahms, de 14 ans son cadet, a elle aussi régulièrement fait l’objet de discussions. Se pourrait‑il qu’il soit le père de Felix, son plus jeune fils ? À propos des enfants de Clara, seuls trois lui survécurent en bonne santé, dont ses filles Marie et Eugenie qui, en 1878, s’installèrent avec elle à Francfort en tant qu’assistantes de la « première professeure de piano » au conservatoire nouvellement créé. Le directeur de ce dernier qualifia Clara d’« exception » : « Madame Schumann compte pour moi comme un homme », a‑t‑il déclaré.

La production de Clara Schumann compte près de 50 œuvres

Impression de la Maison Schumann à Düsseldorf 
Impression de la Maison Schumann à Düsseldorf © picture alliance/dpa

Mais peu importe ce que ses contemporains pensaient d’elle et ce que les générations suivantes publieront : l’importance de Clara Schumann en tant qu’artiste est incontestable – en tant que pianiste qui introduisit la pratique de jouer sur scène sans partition et qui vouait une fidélité absolue aux œuvres qu’elle jouait. Une pianiste qui savait allier virtuosité exceptionnelle et légèreté, et dont le répertoire comprenait plus de 300 œuvres de 37 compositeurs. Elle‑même composa près de 50 œuvres ; parmi celles‑ci, l’on peut notamment encore écouter occasionnellement dans les salles de concert le magnifique concert pour piano op. 7 et le trio pour piano op. 17.

Après le décès de son mari en 1856, elle se concentra sur son travail d’interprète et de professeure de piano, et ce quatre décennies durant, jusqu’à sa mort en 1896 ; elle est enterrée à Bonn. « Profitez de chaque minute », disait souvent Clara Schumann à ses enfants, « elles sont irrécupérables ». Un conseil qu’elle prit elle‑même à cœur, avec toutes les fibres de son corps.

© deutschland.de

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