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Exposition : les Allemands et Hitler, génération après génération

Le panneau Adolf Hitler Straße démantelé, vue de l’exposition “Après Hitler – Le travail de réflexion de l’Allemagne sur le national-socialisme“ à la Maison de l’histoire de Bonn

Le panneau « Adolf Hitler Straße » démantelé, vue de l’exposition « Après Hitler – Le travail de réflexion de l’Allemagne sur le national-socialisme » à la Maison de l’histoire de Bonn, © picture alliance / Ulrich Baumgarten | Ulrich Baumgarten

24.09.2024 - Article

Refoulement, travail de réflexion, ébranlement, indifférence : en Allemagne, les générations de l’après-guerre ont composé de différentes manières avec le lourd héritage du nazisme. C’est ce que montre une grande exposition à la Maison de l’histoire de Bonn.

Comment les Allemands ont-ils composé avec l’héritage du nazisme après 1945 ? C’est le thème d’une exposition qui vient d’ouvrir ses portes à Bonn. Près de 80 ans après la capitulation du IIIe Reich, la Maison de l’histoire montre que chaque génération de l’après-guerre a composé d’une manière différente avec le passé. Elle rassemble plus de 500 objets et documents.

500 objets et documents

Ils sont convoqués comme autant de témoins. Chacun raconte une histoire. Il y a ce vélo d’enfant, ancien mais en bon état, conservé par un vieux monsieur jusqu’en 2007 : le voisin qui le lui avait confié n’est jamais venu le récupérer. Ou ce billet de train Theresienstadt-Münster, daté de 1945. Quelles pensées ont pu traverser sa propriétaire, Erna Meintrup, sur le trajet du retour après son internement dans le ghetto ?

Exposition à la Maison de l’histoire de Bonn sur le travail de réflexion de l’Allemagne sur le national-socialisme après 1945. Sur la photo figure une bannière déployée en novembre 1967 à l’université de Hambourg. Elle porte l’inscription « Sous la toge, 1000 ans de moisissure ».
Exposition à la Maison de l’histoire de Bonn sur le travail de réflexion de l’Allemagne sur le national-socialisme après 1945. Sur la photo figure une bannière déployée en novembre 1967 à l’université de Hambourg. Elle porte l’inscription « Sous la toge, 1000 ans de moisissure ». © picture alliance / epd-bild | Meike Böschemeyer (Boeschemeyer)

Le parcours chemine de la génération des témoins directs aux néonazis contemporains, en passant par les étudiants de 1968. On découvre la banderole « Sous la toge, 1000 ans de moisissure », qui fut déployée par les étudiants contestataires en 1967. Ou encore le premier timbre à l’effigie des Résistants Hans et Sophie Scholl. Il fut édité par la RDA.

Au détour d’une salle, on croise une sculpture de Hedwig Maria Ley de 1932. Il s’agit du premier buste du Führer approuvé par le parti nazi NSDAP. Il se vendit très bien jusqu’en 1945. Après la guerre, l’artiste enfouit l’original dans un jardin. Un jardinier le trouva, et il le conserva sur sa cheminée jusque dans les années 1980. Une preuve, souligne la Maison de l’histoire, des « séquelles laissées par le culte du Führer. »

À chaque génération, un regard différent

Dans l’esprit des concepteurs de l’exposition, le prisme générationnel sert à montrer comment le regard a évolué. Le parcours s’ouvre sur le supposé « silence collectif » de la génération qui a vécu le nazisme. Un retournement se produit avec la génération de 1968, qui questionne ouvertement ses parents sur leur attitude pendant le nazisme.

Dans les années 1980-1990, une polarisation s’installe avec la génération des petits-enfants, en quête de réponses. Enfin, depuis les années 2000, la quatrième génération est contrainte par la raréfaction des témoins d’inventer de nouvelles formes d’accès à la mémoire.

Le regard porté sur le nazisme est relié, pour chaque époque, avec des événements contemporains marquants. Ainsi, la génération de la guerre assiste à la dénazification de l’Allemagne par les Alliés. À l’Est, elle voit naître le mythe de la création d’un État « antifasciste ». Celle des années 1960 assiste aux « procès d’Auschwitz  » contre d’anciens hauts responsables des camps.

En 1979, la diffusion à la télévision de la série documentaire américaine Holocaust ébranle les consciences et la société. En 1995, la polarisation s’exacerbe autour d’une exposition sur la Wehrmacht (« La guerre d’anéantissement. Les crimes Wehrmacht 1941-1944 »). En 2005, le débat se cristallise sur la construction à Berlin du Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe.

La période récente n’est pas en reste. Les propos et les crimes antisémites, ainsi que la montée de l’extrême droite et du populisme témoignent de l’actualité du questionnement sur le rapport au passé. L’exposition présente d’ailleurs les restes d’une boîte à livre, qui avait été installée au mémorial de la Gleis 17, le quai de gare d’où ont été déportés des milliers de juifs berlinois. Elle a été incendiée en août 2023 par un sexagénaire qui voulait détruire les livres sur l’Holocauste qu’elle contenait.

L’espoir n’en est pas moins permis. L’exposition présente aussi l’émouvante lettre envoyée par une classe d’élèves à la survivante de la Shoah Margot Friedländer après sa venue dans leur établissement.

A.L.

Nach Hitler. Die deutsche Auseinandersetzung mit dem Nationalsozialismus

(Après Hitler. Le travail de réflexion des Allemands sur le national-socialisme)

Exposition à la Maison de l’histoire de Bonn jusqu’au 25 janvier 2026

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