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À Hambourg, une exposition redécouvre des pionnières de l’art moderne

Vue d'ensemble de l'exposition „La Femme Nouvelle“, à visiter à l’Institut d’art contemporain et des transferts de l’Université des Beaux-Arts de Hambourg jusqu’au 27 octobre

Vue d'ensemble de l'exposition « La Femme Nouvelle », à visiter à l’Institut d’art contemporain et des transferts de l’Université des Beaux-Arts de Hambourg jusqu’au 27 octobre, © HFBK Hamburg  / Université des Beaux-Arts de Hambourg. Photo: Tim Albrecht

27.09.2024 - Article

La contribution des femmes à l’histoire de l’art intéresse de plus en plus les musées. À Hambourg, l’Université des beaux-arts expose les travaux de ses premières étudiantes. Devenues célèbres ou restées méconnues, elles sont à découvrir jusqu’à la fin octobre

L’Institut d’art contemporain et des transferts de l’Université des Beaux-Arts de Hambourg (HFBK) consacre jusqu’au 27 octobre une exposition originale aux pionnières de l’art moderne. Elle rassemble plus de 50 œuvres d’art, objets de design et esquisses réalisées au début du 20e siècle par les étudiantes de l’École nationale des arts décoratifs de Hambourg, ancêtre de la HFBK. Ces 14 artistes ont toutes un point commun : elles ont été parmi les premières femmes à étudier l’art en Allemagne.

Les premières à étudier l’art

L’École nationale des arts décoratifs de Hambourg fut, en effet, une pionnière en son temps. Alors que les femmes ont dû attendre 1919 pour se voir officiellement ouvrir les portes des universités d’art à Hambourg, elle a accueilli des artistes féminines dès avril 1907. Elles furent d’abord autorisées à assister à certains cours comme stagiaires. Puis, dès 1908, l’établissement créait un atelier pour les travaux manuels féminins. L’année suivante, Maria Brinckmann devenait la première femme enseignante.

Quel a été le devenir de ces étudiantes ? Professeurs et étudiants de la HFBK ont dépouillé les archives. Ils ont activé un vaste réseau de chercheurs et de centres de recherches. Ils ont retrouvé leurs travaux parfois à l’autre bout du monde.

L’exposition retrace les destins contrastés des artistes qu’elles sont devenues. Certaines sont parvenues à se faire un nom, à l’instar de Sophie Taeuber-Arp, Anni Albers ou Ruth Bessoudo Courvoisier. D’autres sont restées dans l’ombre. Elles n’en ont pas moins créé une œuvre, restée injustement méconnue.

Hildi Schmidt Heins, Travemünde, 1938, Photo: Museum für Kunst und Gewerbe Hambourg
Hildi Schmidt Heins, Travemünde, 1938,Photo: Museum für Kunst und Gewerbe Hambourg © Archives Schmidt Heins

Ainsi, Grete Gross est devenue l’une des premières graphistes. Elle a créé de grandes campagnes de publicité pour la firme Montblanc. Marlene Poelzig, étudiante dans les années 1910 et première femme à assister à des cours de dessin de nu, est devenue sculptrice et architecte. En 1919, elle a conçu avec son mari l’architecture intérieure prestigieuse du Grand théâtre de Berlin.

Trude Petri, peintre, sculptrice et designer, s’est imposée comme une signature des Manufactures royales de porcelaine (KPM) de Berlin. En 1929, elle a dessiné le célèbre service en porcelaine Urbino, avec ses assiettes coupées et ses récipients sphériques sans décoration ornementale. Il est aujourd’hui exposé au Museum of Modern Art et au Metropolitan Museum of Art de New York.

Incarnations de la Femme Nouvelle des Années folles

L’histoire de ces femmes artistes raconte aussi, plus largement, celle d’une époque. Pleinement de leur temps, elles ont exprimé dans leurs travaux avant-gardistes les aspirations à l’émancipation et à la liberté des années 1920. C’est ce qui a inspiré le titre de l’exposition, « La Femme Nouvelle » : une femme moderne, indépendante, qui remet en question les rôles traditionnels et les attentes sociales. Un symbole de transformation sociale et de progrès.

Mais cette bouillonnante parenthèse n’a duré qu’un temps. Dès 1933, les nazis au pouvoir prennent pour cible ce nouvel idéal féminin, et le statut d’artiste indépendante. Parmi les 14 artistes exposées à Hambourg, certaines ont dû prendre le chemin de l’exil, ou bien restreindre leur activité.

La peintre Elise Blumann, incarnation de la Femme Nouvelle dans les années 1920, par exemple, a dû s’exiler. Et elle est tombée dans l’oubli. L’exposition montre d’elle un autoportrait souriant, plein d’assurance, coiffé avec les cheveux courts. Il est issu d’une collection australienne.

D’autres artistes, à l’inverse, deviendront des sympathisantes, voire des soutiens du régime. L’exposition, comme le catalogue, décrivent cette réalité avec un éclairage critique.

A.L.

Die Neue Frau – Wie Künstlerinnen und Gestalterinnen das Bild der Moderne prägten

(La Femme Nouvelle – Comment les artistes et les créatrices ont marqué l’image de la modernité)

Exposition à l’Institut d’art contemporain et des transferts de l’Université des Beaux-Arts de Hambourg jusqu’au 27 octobre

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