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Prix du livre allemand : quel sera le roman de l’année ?

Les six finalistes du Prix du livre allemand 2024

Les six finalistes du Prix du livre allemand 2024, © Prix du livre allemand / Christof Jakob

10.10.2024 - Article

Le Prix du livre allemand sera décerné lundi 14 octobre, en prélude à la Foire du livre de Francfort. La liste des six romans finalistes a été dévoilée. Elle mêle des plumes aguerries et de nouveaux venus. Tous offrent de véritables aventures littéraires.

Le jury du Prix du livre allemand 2024. De g. à dr. : Gerrit Bartels, Klaus Nüchtern, Regina Moths, Natascha Freundel, Torsten Hoffmann, Magda Birkmann, Marianna Lieder
Le jury du Prix du livre allemand 2024. De g. à dr. : Gerrit Bartels, Klaus Nüchtern, Regina Moths, Natascha Freundel, Torsten Hoffmann, Magda Birkmann, Marianna Lieder © Prix du livre allemand / Christof Jakob

Quel récit sera sacré roman de l’année 2024 ? Le compte à rebours a commencé : le Prix du livre allemand sera remis lundi 14 octobre, en prélude à l’ouverture de la Foire du livre de Francfort (16-20 octobre). Pour cette 20e édition, les éditeurs ont envoyé 197 ouvrages, parus entre octobre 2023 et le 17 septembre 2024. La liste restreinte des finalistes - Martina Hefter, Maren Kames, Clemens Meyer, Ronya Othmann, Markus Thielemann et Iris Wolff - mêle des auteurs établis et de nouvelles voix.

« Nous avons sélectionné […] des romans qui explorent de manière originale des périodes plus ou moins sombres de notre histoire récente, qui dépassent les frontières et sont de véritables aventures littéraires », a déclaré Natascha Freundel, porte-parole du jury. Sept journalistes, libraires, critiques littéraires et universitaires auront à se prononcer. Le lauréat ou la lauréate recevra 25 000 euros, les cinq finalistes 2 500 euros chacun.

Voici les six romans finalistes :

Martina Hefter, Hey guten Morgen, wie geht es dir? (Klett-Cotta, juillet 2024)

Écrivaine et performeuse vivant à Leipzig, autrice de cinq recueils poétiques, de trois romans et de textes pour la scène, Martina Hefter raconte le quotidien du couple formé par Junon et Jupiter. Hey guten Morgen, wie geht es dir?, que l’on pourrait traduire par « Salut, comment ça va, toi ? », met en scène deux artistes de la survie. Le jour, Junon soigne son mari écrivain atteint de sclérose en plaques, et gère leurs difficultés financières. La nuit, elle chatte sur Internet avec des escrocs de l’amour, dont elle met à jour les failles. Mais elle finit par tomber sur un Nigérian qui éveille son intérêt : elle ne parvient pas à élucider ses intentions. C’est un roman à la fois sérieux et plein d’humour sur les besoins, les aspirations et sur la question de savoir jusqu’où l’on peut aller par amour.

Maren Kames, Hasenprosa (Suhrkamp Verlag, mars 2024)

« Si c’est tout, je déménage », crie une femme, avant de déguerpir chaussée de bottes de sept lieues et de chaussettes de voyage. Sur la banquette arrière : un lapin. C’est le début d’un grand voyage à travers le temps et l’espace. On y rencontre Lionel Messi et Glenn Gould, Billie Eilish et Prince en maîtres de la prise de distance par rapport au monde. Il y a des échos d’Alice aux pays des merveilles ou de Friedrike Mayröcker dans la prose lapinesque de Maren Kames, jeune autrice au style poétique, créatif, musical et plein d’humour – « vif-argent et proche du cœur », écrit son éditeur. L’accumulation de passages déjantés se marie à une façon précise de percevoir le monde. C’est « un livre qui ressemble à un été d’enfance, exubérant, absolument ouvert et d’une beauté radieuse », résume l’éditeur.

Clemens Meyer, Die Projektoren (S. Fischer Verlag, août 2024)

Né en 1977 et lauréat de nombreux prix littéraires, dont le Prix de la Foire du livre de Leipzig, Clemens Meyer publie avec Die Projektoren un roman sur la guerre, la violence et la brutalité. De Leipzig à Belgrade, de la RDA à l’ex-Yougoslavie et du grand écran au roman d’aventure, les mille pages de l’œuvre évoquent tout à la fois les nazis et les néonazis, les utopies, les espoirs et l’imagination. Il les relie par le cinéma, en particulier par les adaptations des romans de Karl May. Pour peu qu’il ait le goût de la découverte, le lecteur se laissera embarquer dans un voyage littéraire, divertissant et sérieux à la fois à travers la folie du 20e siècle.

Ronya Othmann, Vierundsiebzig (Rowohlt Verlag, mars 2024)

Fille d’une Allemande et d’un père kurde yézidi, la journaliste, poétesse, romancière et essayiste, Ronya Othmann revient sur le génocide des Yézidis perpétré il y a dix ans par les milices terroristes de Daesh dans le nord de l’Irak. Elle s’efforce d’en retrouver la trace, en se rendant sur le théâtre des massacres, dans les camps de réfugiés et dans les lieux de commémoration. Elle fait parler ceux qui ont réussi à fuir in extremis la folie sanguinaire des islamistes. Elle le fait en alternant les genres et les modes de narration, passant du reportage de guerre à la langue juridique. Elle se nourrit aussi de digressions historiques et autobiographiques. Une question hante ce roman documentaire hors du commun : comment parvenir à une description appropriée de l’horreur sans exploiter les témoins du point de vue narratif ?

Markus Thielemann, Von Norden rollt ein Donner (Verlag C.H. Beck, juillet 2024)

Le deuxième roman de Markus Thielemann, Von Norden rollt ein Donner, raconte l’histoire d’un jeune de 19 ans, dont la voie paraît tracée : comme son père et son grand-père, il est voué à devenir berger. Mais la vie pastorale est menacée, et pas seulement par le loup. Markus Thielemann tisse un récit à l’atmosphère dense et à la langue puissante. C’est l’inverse d’un roman patriotique. Il confronte l’archaïque et la modernité. Et les esprits du passé hantent le faux paradis de la lande de Lunebourg. Le récit décrit avec lenteur, patience, détails et délicatesse les paysages et les modes de vie, l’intrication de l’idylle et de l’idéologie, les dangers du silence, du refoulement et de l’idéalisation de l’ancien.

Iris Wolff, Lichtungen (Klett-Cotta, janvier 2024)

Lauréate de nombreux prix littéraires, dont le Prix Marie Luise Kaschnitz, Iris Wolff raconte dans Lichtungen comment les bouleversements récents de l’histoire européenne transforment la relation entre deux jeunes Roumains qui se connaissent depuis l’enfance, Lev et Kato. C’est l’histoire d’une amitié hors du temps, qui se voit impactée par les évolutions divergentes des parcours de vie des protagonistes. C’est aussi une interrogation, tissée dans une langue poétique, sur ce qu’il faut pour se détacher de l’empreinte laissée par ses origines.

A.L.

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