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« Les festivals de cinéma sont des lieux pour toutes et tous »

Tricia Tuttle est la directrice de la Berlinale depuis avril 2024, © picture alliance / dpa
Tricia Tuttle, la directrice de la Berlinale, parle de diversité et de promotion de jeunes talents. Et elle dévoile sa vision de l’avenir du cinéma international.
Madame Tuttle, quel rôle joue la Berlinale pour l’Allemagne en tant que pays du cinéma ainsi que pour l’industrie mondiale du film ?
La Berlinale a toujours été à la fois un grand festival qui s’adresse au public et une plateforme importante pour l’industrie internationale du film. Le monde entier se retrouve ici à Berlin pour échanger. C’est ce que nous voulons perpétuer et développer. Lors de la Berlinale, il est question de réunir des personnes issues des quatre coins du monde et de présenter des films qui nous ouvrent de nouvelles perspectives sur notre univers. Ce faisant, il est important de trouver un bon équilibre et de représenter le plus de perspectives possible. Ce n’est pas toujours simple, mais c’est justement ce qui rend notre travail si important.
Vous venez des États-Unis et avez une vision internationale du secteur du cinéma. En quoi la Berlinale vous fascine-t-elle ?

Quelle est votre perception du monde du cinéma actuel en Allemagne et du travail des cinéastes ?
Je suis enchantée par les jeunes talents en Allemagne. J’ai découvert tellement de réalisatrices et réalisateurs avec une large gamme de langages et de styles cinématographiques qui ont aussi pour ambition d’attirer un nouveau public vers le cinéma. Je souhaiterais que nous octroyions plus de place à cette génération pour lui permettre de faire évoluer l’industrie du cinéma.
Quelle responsabilité incombe à un festival international comme la Berlinale à une époque marquée par des tensions politiques et des clivages au sein de la société ?
L’Allemagne – et en particulier la Berlinale – endosse ici un rôle particulier. En tant que festival international public qui se situe sur le plan géographique entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest, la Berlinale se trouve à un point de jonction unique. Cette position lui confère une importance qui lui est propre. Nous projetons une multitude de films de différentes régions du monde qui traitent de sujets de société urgents : la perte de la cohésion, la transformation de la société et la montée de courants nationalistes et autoritaires. Les cinéastes abordent ces thèmes de différentes manières : que ce soit à travers des documentaires, des comédies noires ou des films de genre.
Quelles tendances observez-vous et quelle serait votre vision de l’avenir du cinéma ?

La diversité a toujours été pour moi une problématique centrale, en faveur de laquelle je me suis engagée passionnément et à grand bruit. La question de savoir comment concevoir un programme qui soit plus dynamique en mettant sciemment en scène des perspectives et des voix différentes me fascine. C’est pourquoi je suis toujours à la recherche de voix qui sont sous-représentées dans le cinéma international et j’essaie de les faire entendre.
Il y a 25 ans, cela passait encore par des compromis pour offrir un espace aux cinéastes queers, aux réalisatrices et réalisateurs sans moyens de production suffisants. Mais c’est justement par ce biais que nous avons pu montrer à une nouvelle génération que les festivals étaient un lieu pour ces groupes – et nous avons contribué à constituer un public qui s’intéresse à leurs œuvres. Nous souhaitons à l’avenir poursuivre sur cette voie.
© Traduction : deutschland.de / Révision : Ambassade d’Allemagne en France