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Les mille et un visages du Cavalier bleu à l’affiche d’une exposition à Berlin

August Macke, Paysage aux arbres clairs, 1914, aquarelle sur trait de crayon, © Musées nationaux de Berlin, Cabinet des estampes / Volker-H. Schneider
Pour la première fois, le Cabinet des estampes de Berlin dévoile au public ses collections d’œuvres du Cavalier bleu. Une centaine de pièces sont à découvrir. Elles révèlent la variété des supports, des styles et des personnalités au sein de cette avant-garde expressionniste.
Moins de cinq ans séparent sa fondation à Munich en 1909 du début de la Première Guerre mondiale qui a précipité sa fin. Pourtant, le mouvement expressionniste du Cavalier bleu (Der Blaue Reiter) est resté l’une des plus célèbres pages de l’histoire de l’art du 20e siècle. D’innombrables expositions ont mis en avant ses représentants : Kandinsky, Marc, Macke, Gabriele Münter. Mais on aurait tort d’imaginer en avoir fait le tour. Pour s’en convaincre, il suffit de pousser la porte du Cabinet des estampes (Kupferstichkabinett) de Berlin, qui lui consacre actuellement une exposition.
Elle est à visiter jusqu’au 15 juin. Intitulée « Kosmos Blauer Reiter. De Kandinsky à Campendonk », elle présente plus d’une centaine d’œuvres, dont beaucoup sont méconnues. La majorité provient des collections du Cabinet des estampes, qui dévoile ici pour la première fois cette partie de son fonds.
Des aquarelles lumineuses au glissement vers l’abstraction

Le maître-mot de la sélection présentée est la pluralité : celle des personnalités, des styles, des supports et même des lieux. On passe des aquarelles lumineuses, colorées, vibrantes d’August Macke aux illustrations de la revue Der Sturm signées Gabriele Münter, Oskar Kokoschka et Heinrich Campendonk. Les gravures et les eaux-fortes de Vassily Kandinsky marquent son évolution vers l’abstraction. Quant à Franz Marc, il marque tôt sa préférence pour les représentations animalières. Elles sont emblématiques de son lien spirituel avec la nature. Au fil du temps, elles voient leurs lignes gagner en expressivité et leurs formes glisser vers l’abstraction.
Un autre enseignement de l’exposition est que la recherche d’un nouveau langage pictural ne s’est pas cantonnée à Munich. On voyage à Murnau, Sindelsdorf et Berlin. Neuf chapitres scandent le parcours au total. Outres les lieux, ils passent en revue les grands moments qui ont jalonné l’histoire du Cavalier bleu : l’exposition « Schwarz-Weiß » à Munich, la publication d’un almanach annonçant le programme artistique du mouvement, l’ouverture de la galerie Der Sturm à Berlin, une vitrine pour les artistes.
Partout, l’accent est mis sur les régions les moins connues de l’univers du Cavalier bleu. On découvre Fuga, une gravure unique de Kandinsky. On explore aussi la correspondance entre Franz Marc et Else Lasker-Schüler. Pendant trois ans, de 1913 à 1916, le peintre et la poétesse expressionnistes ont échangé des lettres et des cartes postales couvertes d’illustrations et de dessins. Une grande partie a été saisie par les nazis en 1937 lors de l’opération Art dégénéré, et a disparu. Mais les lettres d’Else Lasker-Schüler à Franz Marc sont conservées depuis 1981 aux Archives littéraires allemandes de Marbach.
A.L.