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Exposition : à la découverte de Gabriele Münter

Gabriele Münter, Portrait de Marianne Werefkin, exposition à Francfort/M. en 2015, © picture alliance / dpa | Alexander Heinl
Pour la première fois en France, le Musée d’art moderne de Paris consacre une rétrospective à l’artiste allemande Gabriele Münter (1877-1962). Il invite à (re)découvrir cette figure éminente de l’expressionnisme dont l’œuvre couvre six décennies.
Elle sort aujourd’hui de l’ombre de Vassily Kandinsky, qui fut son compagnon de 1902 à 1916. Au début du 20e siècle, Gabriele Münter (1877-1962) a été une grande artiste d’avant-garde. Elle fut l’une des figures féminines du Cavalier Bleu (Blauer Reiter), le mouvement phare de l’expressionnisme allemand. Mais on réduirait à tort son œuvre à cette période. Pendant six décennies, cette femme indépendante, inventive et voyageuse a élaboré une œuvre foisonnante et d’une grande variété technique. On mesure de plus en plus son importance dans l’histoire de l’art. Le musée d’art moderne de Paris lui consacre une rétrospective, pour la première fois en France.
Une figure de l’expressionnisme allemand
L’exposition (« Gabriele Münter. Peindre sans détours ») présente 150 tableaux, dessins, gravures, photos et même broderies. Elle va de la fin du 19e siècle aux années 1950. Y figurent notamment les chefs-d’œuvre de la période du Cavalier bleu, dont le célèbre portrait de Marianne von Werefkin (1909). Mais la perspective se veut plus large.
Le parcours est chronologique. Il suit pas à pas la vie et la carrière de Gabriele Münter dans ce demi-siècle riche en mouvements historiques et artistiques. Il part à la découverte de la femme et de l’artiste en six grands chapitres. Il met l’accent sur des aspects parfois peu connus : les photographies, les séjours parisiens (1906-1907 et 1929-1930), le rôle du dessin dans l’œuvre, ainsi que les toiles emblématiques des années 1930 aux années 1950.
… et bien plus encore
Née à Berlin en 1877, orpheline à 20 ans, Gabriele Münter a commencé sa vie d’adulte par des voyages. De 1898 à 1900, elle part aux États-Unis, pays où ses parents ont vécu et où il lui reste un peu de famille. Elle sillonne plusieurs régions aux côtés de sa sœur et découvre la photographie. Elle prend quelque 400 clichés. Ils révèlent son don d’observation et surtout forment son œil.
De retour en Allemagne, elle s’installe à Munich, se forme à l’art et fait la connaissance de Kandinsky. Ensemble, ils entreprennent plusieurs autres voyages de 1904 à 1908, dont un second, quasi-initiatique, en Tunisie. Ils peignent côte à côte sur le motif.
Paris, une étape clé
En mai 1906, le couple entame un séjour de deux ans à Paris. C’est une période clé pour la formation de Gabriele Münter. C’est à Paris qu’elle expose pour la première fois et lance sa carrière. De retour à Munich, sa peinture exprime l’influence du fauvisme français, avec ses couleurs vives et ses formes simplifiées.
C’est à cette époque qu’elle cofonde la Nouvelle Association des artistes de Munich, puis le mouvement du Cavalier bleu (1911) avec Kandinsky et Franz Marc. Elle participe aux expositions du groupe et à son célèbre Almanach. Chez ces artistes expressionnistes, l’expression de l’intériorité prend le pas sur la représentation de la réalité.
Dans le Berlin des années 1920
De 1915 à 1920, Gabriele Münter s’exile en Scandinavie. À son retour, elle s’installe à Berlin où règne une nouvelle tendance de la figuration, la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit). Gabriele Münter adopte dans son sillage des tonalités plus retenues. Elle met au centre de ses travaux la figure humaine.
Elle renoue aussi avec le dessin, une technique avec laquelle elle a toujours eu des affinités. Ses portraits frappent par leur concision : quelques traits lui suffisent pour saisir une posture, une personnalité, une situation. Elle réalise des portraits des femmes émancipées qu’elle croise à Berlin et à Paris, où elle effectue à nouveau un long séjour en 1929-1930.
L’année suivante, Gabriele Münter se fixe à Murnau, où elle possède une maison depuis 1909. Elle se laisse inspirer par les rues et les paysages de ce village pittoresque des pré-Alpes bavaroises. C’est le début d’une intense période de création de deux décennies. Même pendant le nazisme, l’artiste se fait discrète et réduit ses apparitions publiques. Mais elle continue de travailler à une œuvre dont l’importance ne cesse de se révéler.
A.L.