Ils attirent plus d’un million de visiteurs par an et sont l’un des emblèmes de la Bavière. Les châteaux du roi Louis II de Bavière (1845-1886) sont sur le point d’être inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le comité du Patrimoine mondial, réuni à Paris du 6 au 16 juillet, rendra sa décision samedi 12 juillet. Les quatre résidences de Neuschwanstein, Linderhof, Herrenchiemsee et Schachen, rêves de pierre issus de l’imagination débordante d’un monarque aimant autant la solitude autant que l’ornement et l’innovation technique, deviendraient le 55^e site allemand classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Il s’agirait du 11^e site bavarois classé, après la Résidence de Würzburg et les jardins de la cour, l’église de pèlerinage de Wies, la vieille ville de Ratisbonne, l’opéra margravial de Bayreuth, le système de gestion de l’eau d’Augsbourg, la ville de Bamberg, le limes de Germanie supérieure et de Rhétie, le limes du Danube, les sites palaffitiques préhistoriques autour des Alpes et Bad Kissingen en tant que grande ville d’eau européenne.

Ce serait l’aboutissement d’un long chemin. L’idée d’une inscription des châteaux de Louis II de Bavière sur la liste du Patrimoine mondial remonte à 1997. À l’issue d’un long parcours, les quatre sites ont été inscrits sur la liste allemande de propositions de classement en 2015. La candidature a été bouclée en 2023, et déposée l’année suivante.

Neuschwanstein - Schwangau

Couronné en 1864 à la tête d’un État qui devait être soumis deux ans plus tard à l’hégémonie prussienne, le roi Louis II de Bavière se créa un monde imaginaire pour échapper à son destin de simple monarque constitutionnel. Il avait grandi au château de Hohenschwangau dans la vénération des légendes et de l’histoire du Moyen-Âge. Il s’y était familiarisé à travers les tapisseries et la lecture de nombreux ouvrages, puis par la découverte des œuvres du compositeur Richard Wagner.

C’est de cet imaginaire qu’est né le projet de construction du château de Neuschwanstein. Premier des édifices imaginés par le monarque, ce « château de contes de fées » dont les tours pointues s’élèvent dans le décor romantique des Alpes bavaroises est célèbre dans le monde entier. Il a inspiré à Walt Disney Pictures le Château de Cendrillon. L’aménagement intérieur décline les motifs des opéras de Wagner Tannhäuser, Lohengrin, Tristan et Isolde, Parsifal. Ils ornent les peintures murales, les boiseries, les porcelaines et les broderies. Une grotte artificielle relie le bureau du monarque aux pièces à vivre.

Pour construire Neuschwanstein, Louis II s’est inspiré de la forteresse médiévale de la Wartburg, en Thuringe. L’idée de construire dans des formes historiques signifiait à ses yeux « achever » le style ancien en s’appuyant sur les techniques les plus modernes, ainsi que sur la science historique. Construit à partir de 1869, le château de Neuschwanstein est un monument de l’historicisme et une incarnation de l’idéalisme allemand. Il vient d’achever d’importants travaux de restauration.

Linderhof

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Le château de Linderhof traduit le désir de se retirer du monde allié au raffinement technique. La « grotte de Vénus » (Venusgrotte) était, par exemple, très en avance sur son temps, avec sa cascade éclairée et ses effets lumineux d’arc-en-ciel. Ses lampes électriques étaient alimentées par une centrale électrique fonctionnant grâce à une machine à vapeur, et située à une centaine de mètres du château.

Le château et le parc de Linderhof constituent l’un des ensembles les plus variés et artistiques du 19^e siècle. Achevés en 1878, ils s’inspirent du style français du 18^e siècle. Un style rococo proche du style Louis XV domine derrière les façades baroques. La richesse ornementale du château s’inspire aussi des modèles architecturaux du sud de l’Allemagne. Certaines de ses salles fascinent par leur profusion fantasmagorique. C’est le seul château achevé par Louis II de Bavière.

Herrenchiemsee

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Directement inspiré du Versailles de Louis XIV, temple de la gloire du Roi Soleil, le château de Herrenchiemsee a été construit à partir de 1878. Son architecte, Georg Dollmann, a scrupuleusement étudié son modèle français et été jusqu’à reconstituer des pièces qui avaient disparu à Versailles. Les salles principales incarnent le meilleur de l’art du 19^e siècle : profusion de porcelaines de haute qualité, textiles, etc. L’ambition d’« achever » les styles historiques du passé prend ici, plus encore qu’ailleurs, tout son sens. Le Parc est également inspiré de Versailles.

Avec son architecture monumentale et imaginative, la construction du château de Herrenchiemsee contribua à la ruine de Louis II de Bavière, puis à sa mise sous tutelle pour maladie mentale et à sa mort prématurée à 40 ans. Quelques semaines après la mort du roi, il fut décidé d’ouvrir ses portes au public qui découvrit, fasciné, son foisonnement et ses dorures.

La résidence royale de Schachen

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Résidence de montagne perchée à 1800 mètres d’altitude non loin de Garmisch-Partenkirchen, la résidence royale de Schachen s’ouvre sur un panorama grandiose. Il s’agissait d’offrir au roi la possibilité de jouir de la haute montagne dans des conditions de confort optimales. L’extérieur est inspiré des maisons suisses en bois prisées par la noblesse et la bourgeoisie du 19^e siècle. La disposition des pièces prend exemple sur les villas bourgeoises françaises. À l’étage se déploie la pompe orientale, un style dont Louis II était également très friand.

A.L.