Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères

Alexander Prinz, le YouTubeur qui interpelle la jeune génération d’Allemands de l’Est

Le YouTubeur et auteur Alexander Prinz, 2025

Le YouTubeur et auteur Alexander Prinz, 2025 © Editions Droemer Knaur/ Photo: Ronny Götter

01.10.2025 - Article

35 ans après la Réunification, des inégalités perdurent entre l’Est et l’Ouest, entraînant leur lot de frustrations. Pour le YouTubeur Alexander Prinz, qui publie Oststolz, la jeune génération d’Allemands de l’Est doit résister à la tentation de l’exode et avancer.

Il est de la génération née à l’Est après la chute du mur de Berlin. Alexander Prinz, 30 ans, a vu le jour en 1994 dans un village de Saxe-Anhalt. Il a étudié la littérature et la géographie, puis il s’est hissé parmi les influenceurs les plus suivis de la scène métal, avant d’écrire un bestseller. En cette rentrée, qui marque le 35e anniversaire de la Réunification, il publie Oststolz – Appell eines Nachwendekindes. Dans ce livre au titre provocant, il se présente comme le porte-parole d’une jeune génération d’Allemands de l’Est qui aspire à dépasser les clichés et les débats stériles pour rouvrir des perspectives d’avenir.

Né à l’Est après la chute du Mur

L’ouvrage raconte ses souvenirs d’enfance, marqués par la solitude, la pauvreté omniprésente et l’exode massif de la population. Mais c’est davantage qu’une autobiographie. Alexander Prinz propose une analyse de la société, sans craindre d’évoquer la perception des habitants de l’Est ni l’identité est-allemande. Son objectif : appeler à un changement de regard sur l’Est, et à une prise de conscience de la part de ses habitants, notamment les jeunes.

Habitant toujours la Saxe-Anhalt, il déplore la méconnaissance de la réalité vécue à l’Est. Il évoque le mur invisible, « émotionnel et mental », que les bas salaires, les petites retraites, le manque de reconnaissance et le sentiment d’un Ouest hégémonique dresse en travers de l’Allemagne unifiée, encore aujourd’hui. Son ambition est « d’éclairer ce qui se passe à l’Est ».

Un fossé Est-Ouest ?

Il le souligne : la génération née après la chute du Mur ne se définit pas automatiquement par le passé de la RDA. À ses yeux, les problèmes sont souvent mal posés dans le débat public, ils sont trop centrés sur l’opposition est-ouest.

La montée de l’AfD ? Il cite des études montrant l’impact de la situation économique sur le vote extrémiste. « Le Teilhabeatlas (une cartographie des inégalités publiée par l’Institut pour la population et le développement de Berlin et la Fondation Wüstenrot, ndlr) a étudié les régions reléguées socialement et économiquement », détaille-t-il. « Il y a observé une tendance similaire à voter pour des partis extrêmes à l’Est comme à l’Ouest ».

Il appelle à élargir la perspective. « Ce qui se passe en Allemagne de l’Est, on l’observe aussi dans le nord de l’Angleterre, aux États-Unis, dans le nord de la France ou encore dans la Ruhr  », analyse-t-il dans une interview au magazine Der Spiegel. Dans le monde globalisé, les régions désindustrialisées voient se répandre un sentiment d’impasse et une frustration. Selon lui, le problème n’est pas l’existence d’un fossé est-ouest mais un conflit entre le haut et le bas de l’échelle sociale, ainsi qu’entre les métropoles et les espaces ruraux.

« L’Est a des problèmes, mais l’Est n’est pas le problème », résume-t-il. Selon lui, il importe de rectifier la perspective pour identifier l’origine des problèmes et mener les débats de fond. Les enjeux sont de taille, avance-t-il. Il en est convaincu, l’avenir de l’Allemagne se joue à l’Est. Car « à l’Est, on voit les évolutions plus tôt : l’exode, le vieillissement, la radicalisation. Si nous ne trouvons pas de solutions ici, nous retrouverons les mêmes problèmes dans dix ans à l’Ouest ».

Un appel aux jeunes de l’Est : restez et construisez !

Aux habitants de l’Est, il lance un appel à ne pas baisser les bras, ni céder aux sirènes du populisme. « Nous, Allemands de l’Est, devons sortir du rôle de victimes et assumer la responsabilité de notre avenir », plaide-t-il. Pour cela, il faut redonner de la valeur à l’identité est-allemande. L’exode ne fait qu’aggraver les problèmes. Les Allemands de l’Est doivent rester, travailler dur et renouer avec l’élan qui a animé les générations des années 1990-2000.

Du titre de son livre, Oststolz (litt. : fierté d’être un(e) Allemand(e) de l’Est), il donne une définition simple : il ne s’agit pas de promouvoir une fierté orgueilleuse. Il s’agit de porter « un regard positif sur ce que nous avons construit à l’Est depuis 1990 ». Car même si les problèmes actuels n’ont pas de solution rapide, c’est, estime-t-il, une bonne base pour rouvrir des perspectives.

A.L.

Retour en haut de page