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Helga Paris, la RDA en portraits intimes

Rétrospective d'Helga Paris à l'Akademie der Künste à Berlin, en 2019 © picture alliance/dpa | Carsten Koall
Et si l’Histoire s’écrivait dans l’intimité du quotidien autant que dans les grands sommets internationaux ? La photographe Helga Paris a immortalisé avec une sensibilité rare la vie des habitants de la RDA. Le musée Fotografiska de Berlin lui consacre une exposition.
C’est un passé disparu que les moins de 35 ans n’ont pas connu. Le temps recouvre peu à peu le souvenir de la vie en RDA. Dans ce trou noir de la mémoire restent encapsulés quatre décennies de vécu, de destins et d’émotions qui ne sont sans doute pas sans intérêt pour comprendre l’Allemagne d’aujourd’hui. À Berlin, une exposition consacrée à Helga Paris, l’une des grandes dames de la photographie est-allemande, ressuscite avec sensibilité les visages et les scènes du quotidien qui ont façonné cette réalité : la RDA.
Helga Paris (1938-2024) est connue pour ses portraits intimes des Allemands de l’Est. Autodidacte, elle a fait de la photographie un métier sur les conseils d’un ami après des études de design de mode. Du milieu des années 1960 à la fin des années 2000, elle a capturé des scènes du quotidien à Berlin-Est, en particulier la vie dans le quartier de Prenzlauer Berg. Elle y a vécu à partir de 1966 et y a côtoyé de nombreux artistes.
« Über uns » est la première grande exposition à lui être consacrée depuis sa mort, le 5 février 2024, à 85 ans. Installé dans l’ancien bâtiment du « Tacheles » sur la Oranienburger Straße, le musée Fotografiska de Berlin retrace cinq décennies de créations à travers une riche sélection d’œuvres, comprenant plusieurs séries photographiques. Il rend hommage à l’artiste tout en illustrant son influence sur la photographie contemporaine.
Berlin-Est, scènes de rue et histoires individuelles
Dans ses portraits, Helga Paris raconte l’Histoire de la RDA à travers les mille et une histoires particulières vécues par ses habitants. Elle a immortalisé sur la pellicule le quartier de Prenzlauer Berg émergeant de la brume matinale, la pause cigarette des ouvrières d’une usine textile, les éboueurs, de jeunes punks, des artistes, des enfants, des maisons, les cafés berlinois et des scènes de rue.
Sur ces « invisibles » que l’histoire officielle néglige, elle porte un regard empathique, respectueux et dépourvu de jugement. Elle sait attendre le moment opportun pour capter leur présence. Elle les révèle dans leur authenticité.
Sa photographie suggère que l’Histoire ne s’écrit pas seulement dans les centres de pouvoirs politiques et économiques, mais aussi dans la vie banale de Monsieur et Madame Tout-le-monde – faite de luttes, de peurs et d’espoirs.
Authenticité
« Les photos d’Helga Paris sont peut-être aujourd’hui plus pertinentes que jamais », souligne Marina Paulenka, l’une des commissaires de l’exposition. « Au lieu de céder aux modes du moment, elles s’inspirent toujours de l’intérêt profond que (la photographe) porte à l’être humain. En cette époque de divisions, son œuvre nous rappelle ce qui nous unit ».
L’une des particularités de l’exposition réside d’ailleurs en ce qu’elle ne s’en tient pas aux portraits individuels d’Helga Paris. Elle éclaire aussi un aspect moins connu de son travail : son attachement aux relations et à la dimension communautaire. Il s’illustre, par exemple dans les clichés de fêtes, organisées dans son immeuble ancien de Berlin-Est.
A.L.