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Si proches, si étrangers : une excursion à la frontière entre Romains et Germains

Masque romain d’une visière intégrale

Masque romain d’une visière intégrale © Musée et parc de Kalkriese

06.11.2025 - Article

Elles rapprochent, elles divisent : les frontières ont joué un grand rôle dans l’histoire européenne. Dès l’Antiquité, le limes a séparé la Germanie de Rome. Une exposition explore les relations entre ces voisins proches et différents. Et pose des questions pour aujourd’hui.

L’actuel Bade-Wurtemberg a longtemps été au carrefour de deux mondes. Il est traversé par le limes germano-raetien supérieur, qui a séparé pendant 700 ans le monde romain et le monde germain. Aujourd’hui, les touristes sont nombreux à s’aventurer le long de cette frontière antique de 550 km, hérissée de postes de garde et de sites fortifiés, que l’UNESCO a inscrite en 2005 sur la liste du Patrimoine mondial. En chemin, les questions se pressent dans leur esprit : Quelles relations entretenaient ces voisins si proches et si étrangers ? Peut-on en tirer des enseignements pour notre époque, marquée par le retour des frontières ? Une exposition présentée au musée du limes d’Aalen, près de Stuttgart, apporte des réponses.

Elle est présentée jusqu’au 12 avril 2026 et s’intitule « Voisins étrangers : Rome et les Germains ». Elle réunit des découvertes archéologiques majeures faites dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne et à l’étranger, issues pour certaines de collections internationales. On y découvre des offrandes et des monuments funéraires, des objets du quotidien tels que des vases à vin, des armes, des inscriptions. Des pièces découvertes dans des tombes princières à Kariv, dans l’est de l’Ukraine, comptent parmi les clous de l’exposition.

Sept siècles d’un voisinage vivant et animé

Buste d’un Suève (peuple germanique) à la coiffure typique (noeud suève), attache du chaudron de Kariv, en Ukraine.
Buste d’un Suève (peuple germanique) à la coiffure typique (noeud suève), attache du chaudron de Kariv, en Ukraine. © Office régional pour la conservation du patrimoine de la préfecture régionale de Stuttgart / Y. Mühleis

Il y a là en tout quelque 200 objets. Ils racontent une histoire de voisinage vivante et animée. Les objets du quotidien illustrent les transferts culturels et la préservation des traditions le long de la frontière. Les artefacts romains découverts dans des communautés de la Germanie profonde témoignent de l’existence d’un commerce de longue distance, d’expéditions de pillage ou d’une appropriation culturelle.

Enfin, des représentations rappellent que les relations commerciales et de bon voisinage étaient régulièrement émaillées d’épisodes guerriers. Elles illustrent des épisodes tels que la Bataille de Teutobourg (défaite des légions romaines face aux Germains en 9 après J.C.) et les guerres marcomanes (entre Rome et les Marcomans au IIᵉ siècle après J.C.) ou nous projettent sur les champs de bataille.

L’exposition « montre à quel point les échanges, les conflits et les influences réciproques ont façonné les cultures de notre pays », explique Claus Wolf, directeur du Musée archéologique d’État de Bade-Wurtemberg et président de l’Office régional pour la préservation des monuments de Bade-Wurtemberg.

Comment traiter l’étranger ? Comment naissent les préjugés ?

Mais le propos ne se cantonne pas à l’Antiquité. Ces 700 ans (du 2e siècle avant J.C. au 5e siècle après J.C) de cohabitation mi-pacifique, mi-conflictuelle entre Romains et Germains font écho à des questions que nous nous posons au 21e siècle : Comment traiter l’étranger ? Comment naissent les préjugés ? Et que peut apprendre la société d’aujourd’hui de l’histoire pour inventer de nouvelles manières de vivre ensemble ?

« La connaissance de ce patrimoine commun constitue une clé importante pour la vie en société en Europe aujourd’hui », souligne Claus Wolf. L’exposition montre qu’en dépit du rapprochement et de la fascination qui existait entre les Romains et les Germains, les frontières culturelles ne se sont jamais totalement effacées entre ces deux peuples. Ainsi, elle n’offre pas seulement une passionnante excursion aux confins de l’Empire romain d’il y a deux mille ans. Elle entend aussi, ouvrir des ponts avec le présent et inviter à poursuivre la réflexion.

A.L.

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