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Marbach célèbre Schiller, poète de la liberté
Statue de l’écrivain allemand Friedrich Schiller à Marbach am Neckar © picture-alliance/ dpa | Marijan Murat
Dans sa nouvelle exposition permanente, le musée national Friedrich Schiller de Marbach-am-Neckar brosse un portrait très actuel du classique allemand. Il met en avant le poète de la liberté, le citoyen du monde et approfondit certaines périodes de sa vie.
L’Ode à la joie, Les Brigands, Don Carlos : ses œuvres ont éveillé l’esprit de générations de lycéens allemands. Friedrich Schiller (1759-1759) compte avec son contemporain J.G. Goethe parmi les grands classiques de la littérature allemande. Mais qu’y a-t-il derrière cette effrayante aura ? Qu’a à nous dire Schiller aujourd’hui ? Pour le savoir, il faut pousser la porte du Musée national Schiller. Situé à Marbach-am-Neckar (Bade-Wurtemberg), la ville natale du poète, il inaugurait il y a quelques jours sa nouvelle exposition permanente. On y découvre l’itinéraire d’un citoyen du monde épris de liberté.
Un classique « qui a des choses à nous dire » aujourd’hui
« La nouvelle exposition permanente sur Friedrich Schiller montre à quel point les questions qui ont forgé sa pensée demeurent intemporelles », a souligné le ministre allemand adjoint à la Culture, Wolfram Weimer, lors de l’inauguration. « Nous trouvons dans ses œuvres des interrogations sur l’usage de la liberté, du pouvoir et de la responsabilité, des thèmes qui nous préoccupent. L’exposition invite à lire Schiller avec des yeux neufs, comme un auteur qui a des choses à nous dire, tout spécialement aujourd’hui ».
Le musée de Marbach réunit 400 manuscrits, lettres, livres, tableaux, sculptures, meubles, objets et vêtements, dont les célèbres bâtons de marche et couvre-chefs de l’écrivain. Ils éclairent l’itinéraire de Schiller dans tous les aspects de sa vie, des plus illustres aux plus méconnus : débuts littéraires en Souabe, sources d’inspiration, talent pour le théâtre, tiraillements entre difficultés financières, aspiration à la liberté et vocation pour l’écriture, vies parallèles de médecin, d’historien et de poète.
L’exposition met en avant la dimension politique de l’œuvre et le rôle de Schiller dans le contexte de son époque, à la charnière des 18e et 19e siècle. L’auteur de Don Carlos a mis en scène les préoccupations majeures de son temps. L’Europe et son histoire sont l’un des théâtres privilégiés de ses drames et écrits historiques. Et malgré des opportunités de voyages limitées, il s’est défini comme un citoyen du monde et un « poète de la liberté et de la rébellion ».
L’exposition dévoile ses liens nombreux avec ses contemporains : hommes de lettres, penseurs, artistes de Friedrich Hölderlin à Eduard Mörike. On n’hésiterait pas à parler aujourd’hui de réseau. Schiller, homme de son temps, avait déjà à certains égards un pied dans le nôtre.
Schiller, poète de la liberté et citoyen français
Un fait passe souvent inaperçu : Schiller le Souabe était aussi citoyen français. En août 1792, l’Assemblée législative l’a fait citoyen d’honneur de la République française en hommage à sa conception de l’humanité et de la justice. L’acte signé de la main de Danton est exposé à Marbach.
Schiller était « un penseur contre la simplification », a souligné l’ambassadeur de France en Allemagne, François Delattre. L’inauguration de la nouvelle exposition permanente est « une occasion de mettre à l’honneur les Lumières européennes », qui « considéraient l’éducation et le savoir comme la condition du progrès » et « la liberté comme fondement de sociétés justes », a-t-il ajouté.
Incarnation d’une démocratie capable de se défendre
Cette nouvelle exposition se veut « l’affirmation d’une démocratie capable de se défendre et d’une société ouverte et sûre d’elle-même », a résumé la ministre des Sciences, de la Recherche et de l’Art du Bade-Wurtemberg, Petra Olschowski.
« De nos jours, si nous voulons préserver notre monde démocratique, nous pouvons apprendre de Schiller que la démocratie se nourrit du courage de la responsabilité, de la contradiction, de réflexion partagée, d’engagement pour le bien commun. À une époque où la démocratie est sous pression, nous avons besoin de la foi de Schiller dans la puissance du verbe, dans la raison et dans la liberté humaine. »
A.L.