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Exposition : la modernité au travail, d’hier à aujourd’hui
Comment voulons-nous travailler ? A une époque de profonde mutation du monde du travail, le musée régional LVR de Bonn convoque les artistes de la première moitié du 20e siècle pour éclairer nos débats contemporains. Une exposition à voir jusqu’au 12 avril 2026.
Télétravail, intelligence artificielle, débats sur la Semaine de quatre jours : le monde du travail contemporain est en plein bouleversement. A quoi ressemblera-t-il demain ? La vision d’un travail émancipateur côtoie la crainte de l’asservissement, en particulier à la technologie. Cela nourrit des émotions contradictoires et des débats passionnés. On convoque des expertises, des bataillons de chiffres, des métaphores. Dans une nouvelle exposition, le musée régional LVR de Bonn propose une voie supplémentaire : il interroge de grands artistes du siècle dernier confrontés aux mêmes problématiques.
Les artistes du 20e siècle et les transformations du travail
Il y a près de 100 ans, des bouleversements technologiques et sociaux transformaient déjà en profondeur le travail. Industrialisation, mécanisation, rationalisation du temps de travail, nouveaux modes de transport, entrée des femmes dans le monde du travail : ces mutations ont intéressé les artistes. Ils ont mis en évidence les dysfonctionnements et esquissé des visions d’une société future. A aucune autre époque, l’art ne s’est penché avec autant d’intensité sur la transformation du travail et les évolutions sociales qui l’accompagnent.
L’exposition du musée régional LVR de Bonn jette un pont original entre les réalités d’hier et celles d’aujourd’hui. Elle s’intitule « Schöne neue Arbeitswelt. Traum und Trauma der Moderne » (Le meilleur des mondes du travail. Rêve et trauma de la modernité).
Elle réunit 300 peintures, sculptures, photos, objets du quotidien et pièces techniques. Parmi eux figurent des œuvres iconiques de la Nouvelle Objectivité, comme L’Homme au charbon (1931) de Leo Breuer, et des chefs-d’œuvre d’Otto Dix, d’Hannah Höch, de Conrad Felixmüller, de Käthe Kollwitz et de Franz Wilhelm Seiwert. Des artistes moins connus (Gerd Arntz, Barthel Gilles, Sella Hasse, Magnus Zeller) complètent le tableau et approfondissent notre vision de cette époque mouvementée.
Portraits, paysages, visions et interrogations
Le parcours, qui s’étend de 1890 à 1940, fait émerger de vivants parallèles avec notre époque. Il est structuré en six chapitres. Il s’ouvre par une galerie de portraits. Elle met en lumière les « Visages » du travail, transformés par l’apparition de nouvelles professions dans le sillage de l’industrialisation, de l’ouvrier à la téléphoniste.
L’exposition explore ensuite les « Espaces » urbains en pleine mutation : complexes industriels remodelant villes et paysages, halls de machines et bâtiments administratifs devenus les symboles d’un monde en rapide transformation. Albert Renger-Patzsch, témoin de l’extension de l’industrialisation du bassin de la Ruhr, la représente en montrant des vaches en train de paître à l’embouchure de la Ruhr, avec en arrière-plan des usines modernes aux cheminées fumantes.
Le chemin se poursuit avec la représentation des « Cadences » du travail industriel. Les machines imposent progressivement le rythme de vie. Hannah Höch est l’une des premières artistes à questionner cette mécanisation. Elle met en scène le risque pour l’homme de devenir un simple appendice de la machine dans le travail moderne, dans une résonnance troublante avec notre époque.
L’exposition célèbre ensuite les « Promesses » d’ascension sociale, d’émancipation et temps libre liées au travail. Le jazz, omniprésent à cette époque en Allemagne, incarne cette atmosphère de renouveau où l’on fait ce – bref – rêve d’une société plus libre.
Puis le chapitre intitulé « Critique » dénonce l’exploitation, le chômage de masse et l’aliénation d’autonomie et d’émancipation. Le parcours se termine sur une interrogation sur l’« Avenir » du travail.
« Notre exposition met en lumière à quel point l’art s’est engagé dans les débats de l’époque, avec quelle audace il dénonçait l’injustice sociale, et combien il restait proche des travailleurs. Mais il apparaît également clairement à quel point, dès la fin des années 1920, l’art s’est laissé instrumentaliser comme porte-voix de la propagande idéologique », explique Thorsten Valk, commissaire de l’exposition et directeur du LVR-LandesMuseum Bonn.
A.L.