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Exposition : Max Beckmann, dessinateur

[g.] Max Beckmann, Portrait avec poisson, 1949. Hamburger Kunsthalle, Cabinet des estampes ; Vue de l’exposition « Beckmann Zeichnungen » au musée Städel de Francfort-sur-le-Main

[g.] Max Beckmann, Portrait avec poisson, 1949. Hamburger Kunsthalle, Cabinet des estampes ; Vue de l’exposition « Beckmann Zeichnungen » au musée Städel de Francfort-sur-le-Main © Hamburger Kunsthalle/ bpk © VG Bild-Kunst Bonn, Photo : Christoph Irrgang ; © Musée Städel, Francfort-sur-le-Main

11.12.2025 - Article

Un coup de crayon reconnaissable, un langage visuel personnel et une vision de la condition humaine chargée d’intensité dramatique : Max Beckmann (1884-1950) est l’une des figures de la modernité. Le musée Städel de Francfort consacre une exposition à ses dessins.

Jusqu’au 15 mars, le musée Städel de Francfort-sur-le-Main dévoile l’une des facettes les plus intimes du peintre, dessinateur et graveur allemand Max Beckmann (1884-1950) : ses dessins. Il leur consacre une vaste rétrospective, pour la première fois en Allemagne depuis 40 ans. Près de 80 œuvres sont présentées. Elles proviennent en grande partie issues des collections du musée. Elles reflètent toutes les périodes de création de l’artiste et documentent son évolution stylistique à la manière d’un journal intime. Elles sont pour certaines très rarement exposées.

Genèse d’une signature visuelle unique

Figure de la modernité européenne, Max Beckmann vécu à une époque ponctuée de crises et de bouleversements. Il a traduit ses expériences dans un langage visuel personnel, qui n’a aujourd’hui rien perdu de son pouvoir de fascination. L’exposition en retrace la genèse en six chapitres.

Elle s’ouvre sur les débuts de l’artiste à Berlin, et sur son premier succès lors d’une exposition de la Sécession berlinoise en 1906. Son style est alors proche de l’impressionnisme, comme en témoignent les Autoportraits de 1912 ou la Scène de rue le soir.

Max Beckmann veut faire apparaître les rouages cachés d’un monde qu’il perçoit comme un théâtre grotesque. Il cherche son inspiration dans les écrits philosophiques, religieux et ésotériques, dans la poésie et dans le mythe. Son approche est éminemment subjective. Peu à peu, il puise également dans ses expériences personnelles.

La Première Guerre mondiale est un temps fort. Comme beaucoup d’artistes, il s’engage comme brancardier volontaire. Son style évolue peu à peu. La peinture des horreurs de la guerre fait place à l’expression de la souffrance des soldats et à la description des destructions, associée à une réduction des formes.

Maturation et exil

[g.] Max Beckmann, Autoportrait, 1912. Collection Hans Kinkel Musée national germanique, Nuremberg : [dr.] Max Beckmann, Scène de rue le soir, 1913 (?). Collection Hans Kinkel Musée national germanique, Nuremberg
[g.] Max Beckmann, Autoportrait, 1912. Collection Hans Kinkel Musée national germanique, Nuremberg : [dr.] Max Beckmann, Scène de rue le soir, 1913 (?). Collection Hans Kinkel Musée national germanique, Nuremberg © Musée Städel, Francfort/ Monika Runge

Après la guerre, il trouve refuge à Francfort chez un ami. Cet environnement apaisé facilite une nouvelle mue de son langage pictural. Les formes se simplifient et s’aplatissent. Des déformations de perspective créent du mouvement et de la tension. Elles accentuent l’aspect grotesque. Les dessins de Max Beckmann s’autonomisent. Et, à la fin des années 1920, son langage formel gagne aussi en clarté.


Le nazisme est une rupture. Les œuvres de Max Beckmann sont dégradées au rang d’« art dégénéré », et l’artiste perd son poste d’enseignant. Il se refugie dans le travail, notamment dans la peinture d’aquarelles. En 1937, il s’exile à Amsterdam avec sa famille en 1937. C’est une période d’anxiété existentielle et d’insécurité matérielle. Les dessins deviennent de plus en plus personnels, exprimant une vision symbolique et complexe du monde.

En 1947/48, Max Beckmann réalise son désir de s’expatrier aux États-Unis. Loin de céder aux sirènes de l’abstraction, il poursuit sa quête d’une interprétation lisible du monde et reste un artiste résolument figuratif. Il meurt en 1950.

« Une clé pour comprendre l’œuvre »

« Les dessins sont une clé pour comprendre l’œuvre de Beckmann », soulignent les commissaires Regina Frezberger, Hedda Finke et Stephan von Wiese. « En dessinant, il a développé son langage visuel inimitable, il a fixé ce qu’il a vu et vécu, il a façonné sa vision du monde et il a transformé ses impressions fugitives en compositions complexes, chargées de sens. »

Au cours de sa vie, Max Beckmann a réalisé à la plume, à la craie ou au crayon plus de 1 900 dessins en noir et blanc. Ils vont de l’esquisse à l’œuvre autonome. Rassemblés par Hedda Finke et Stephan von Wiese, ils sont édités en trois volumes parallèlement à l’exposition (Max Beckmann, Werkverzeichnis der Zeichnungen, de Hedda Finke et Stephan von Wiese, éditions Hirmer, à paraître en décembre 2025).


A.L.

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