Qu’ont en commun la chambre d’une ado des années 2000 aux murs couverts de posters, la Ford Transit d’une famille d’immigrés et le registre des décès du camp de Sachsenhausen, où l’administration militaire soviétique voulait punir et rééduquer les nazis ? Ils font partie de la nouvelle exposition permanente de la Maison de l’histoire de Bonn. Le musée vient de rouvrir ses portes après une année de travaux. Il retrace l’histoire allemande depuis 1945 sous un jour entièrement nouveau : comme si vous y étiez.

Dans la peau d’un député et au milieu des manifestants en RDA

Agrandir l'image

Fermer

Le parcours fait faire au visiteur un palpitant voyage dans le temps. Souhaite-t-il se mettre dans la peau d’un député du Bundestag ? Il n’a qu’à s’installer dans l’un des fauteuils de l’ancien hémicycle, hérités de l’époque où Bonn était la capitale. Il trouve devant lui un bouton sur lequel il peut appuyer. Il peut participer à une simulation de vote et répondre à un quiz sur l’histoire parlementaire.

Mais peut-être est-il plus attiré par la révolution pacifique en RDA ? Cela tombe bien car la Réunification est l’un des principaux chapitres de l’exposition. Le parcours est ponctué de pancartes originales des manifestations, de morceaux du mur de Berlin et de nombreux objets qui ont été les témoins directs des événements de l’automne 1989. On y trouve même les notes de Günter Schabowski, le fonctionnaire de la RDA qui a annoncé l’ouverture du Mur au soir du 9 novembre 1989.

Comment l’histoire se fait au jour le jour

Comme le résume son titre, « Tu fais partie de l’histoire », l’exposition a pour ambition de faire participer le visiteur et de susciter son étonnement. Il s’agit de lui faire saisir l’histoire, au propre comme au figuré. 3 850 objets, 88 témoignages directs et 150 stations multimédia proposant des vidéos et des animations interactives y concourent. Ils racontent l’histoire allemande depuis 1945 par la lorgnette du quotidien autant que par les prismes classiques des journaux ou des grands événements.

« Nous voulons montrer comment l’histoire se fait – et comment chacun, dans un État de droit démocratique, lui imprime sa marque à travers son action », explique Harald Biermann, président de la Fondation de la Maison de l’Histoire.

C’est la marche de l’histoire racontée à hauteur d’homme. Des vécus de témoins parfois très différents s’entrecroisent sur un même événement. Et l’exposition s’appuie sur le vécu personnel et l’expérience propre des visiteurs pour ouvrir à une compréhension intime des mécanismes qui font l’histoire.

D’hier à aujourd’hui

La nouvelle exposition couvre, par ailleurs, une période couverte plus longue, allant de 1945 au début de la guerre d’agression russe en Ukraine, en 2022. Elle intègre de nouvelles thématiques telles que la migration, la numérisation, le changement climatique et la pandémie. Elle s’organise autour de cinq périodes : l’après-guerre, la division allemande, la Réunification, l’Allemagne réunifiée depuis 1990 et le présent.

L’exploration s’achève sur un retour au présent, sous la forme d’un « atelier de l’histoire » baptisé « Heute  » (aujourd’hui). Sa fonction : montrer comment l’histoire continue de se faire au présent, dans le quotidien. Outre l’évocation de débats actuels, tels que la discussion sur le nouveau service militaire, les visiteurs sont invités à choisir un objet ou un thème contemporain qu’ils placeraient dans un musée de la vie quotidienne. Une manière d’apporter, eux aussi, leur pierre à l’édifice.

A.L.