Penseur éclairé de la démocratie, le philosophe Jürgen Habermas fête ses 95 ans

Il est l’un des penseurs allemands contemporains les plus importants, productifs et influents. Le philosophe et sociologue Jürgen Habermas a célébré mardi son 95^e anniversaire.

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a remercié le « philosophe, théoricien de la société, professeur d’éthique et journaliste » d’avoir rendu la République fédérale « plus éclairée, cosmopolite, européenne et démocratique » grâce à son travail des sept dernières décennies.

« Les enseignements de l’Holocauste, le refus déterminé des idéologies de la violence, le dépassement du nationalisme, les devoirs de l’État envers la dignité de tout être humain ont marqué votre œuvre », a-t-il ajouté. « Et à travers la force de ces repères, votre œuvre a marqué notre culture politique. »

Né en 1929 à Düsseldorf, penseur de la démocratie, Jürgen Habermas est une figure très présente du débat public allemand depuis les années 1960. Doué d’un goût pour le débat et la polémique, il marie la réflexion abstraite et l’efficacité politique immédiate. Il a multiplié les publications, essais et prises de position sur tous les sujets, de la guerre au Kosovo à la crise migratoire en passant par l’Europe.

Appelé comme assistant de Theodor Adorno dans les années 1950, il a été l’un des piliers de l’École de Francfort dans les années 1960 et 1970. En 1964, il a succédé à Max Horkheimer à l’Université de Francfort. Adulé par le mouvement étudiant de 1968, il a progressivement pris ses distances avec ce dernier, condamnant la tentation de certains pour la violence.

En 1981 est parue son œuvre maîtresse, « Théorie de l’agir communicationnel ». Il y réfléchit sur les conditions idéales du débat démocratique dans l’espace public. Il met en avant la rationalité des individus comme condition de ce débat et de la formation progressive d’une identité collective.

Dans les années 1980, il a aussi été l’un des protagonistes de la « querelle des historiens ». Il a défendu le caractère unique de l’Holocauste, et refusé de mettre sur le même plan le nazisme et le communisme.

Sécurité : « la situation reste tendue », selon la ministre, Nancy Faeser

Les menaces sur la sécurité intérieure et extérieure ont augmenté. C’est ce qui ressort du rapport de l’Office fédéral de protection de la Constitution, présenté mardi par la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser. Les mesures de protection ont été renforcées, a-t-elle assuré.

« La situation sécuritaire reste tendue », a exposé Mme Faeser. « La brutale guerre d’agression russe contre l’Ukraine remet toujours en question l’ordre de paix européen. Et la terrible escalade au Proche-Orient après l’attentat terroriste du Hamas contre Israël a des répercussions chez nous. Nous avons massivement augmenté toutes les mesures de protection pour nous armer contre les menaces que représentent actuellement l’extrémisme, le terrorisme et les menaces hybrides. (…) Car la menace que l’espionnage, le sabotage, la désinformation et les cyberattaques font peser sur notre démocratie a acquis une nouvelle dimension. »

Selon le rapport, les délits motivés par des idées extrémistes ont augmenté de 22,4 % en 2023, et les actes de violences de 13 %. « Le conflit au Proche-Orient a soufflé sur les braises de l’antisémitisme en Allemagne », a notamment souligné le président de l’Office fédéral de protection de la Constitution, Thomas Haldenwang. Le contexte a également accru la menace d’attentats djihadistes, y compris celle de personnes isolées radicalisées. Le rapport montre, par ailleurs, l’augmentation des activités en réseau de la « Nouvelle droite » et l’importance acquise par ces acteurs dans les milieux d’extrême droite. En savoir plus

Les élèves allemands, moyennement créatifs, selon une étude PISA

Selon une étude PISA, les élèves allemands se situent dans la moyenne internationale en matière de pensée créative. D’après l’analyse de données datant de 2022, ils obtiennent un score de 33 points, soit autant que leurs camarades français, tchèques et néerlandais. Les meilleurs ont été attribués aux élèves singapouriens, sud-coréens et canadiens. L’Albanie, les Philippines et l’Ouzbékistan sont les pays où la pensée créative est la moins développée. Les tests invitaient les candidats, âgés de 15 ans, à développer des solutions originales à des problèmes simples ou de la vie de tous les jours. L’étude PISA est réalisée par l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques).

Semaine d’action contre la solitude, en progression chez les jeunes

La ministre allemande de la Famille, Lisa Paus, a donné lundi le coup d’envoi d’une Semaine d’action nationale contre la solitude. Près de 200 professionnels de l’action sociale, responsables politiques, chercheurs, représentants associatifs et bénévoles y participent jusqu’à dimanche. Elle a pour priorité les communes, les relations entre les générations, les liens entre solitude et démocratie et, surtout, le sentiment d’isolement des jeunes.

En effet, selon un sondage de la Fondation Bertelsmann, 10 % des 16-30 ans se sentent très seuls, et 35 % assez seuls. Plusieurs études ont révélé ces derniers mois l’augmentation du sentiment d’isolement au sein de la jeune génération.

« Nous brisons le tabou de la solitude en en parlant », a expliqué Mme Paus. « La solitude n’est pas une maladie, mais elle peut rendre malade et des millions de gens en Allemagne, jeunes et âgés, sont concernés. »

Fin 2023, le gouvernement allemand a adopté une stratégie contre la solitude. Il prévoit la mise en place d’un indicateur et des projets pilotes.
Selon Mme Paus, le sentiment d’isolement peut également avoir des répercussions négatives sur la démocratie. « Celui qui perd confiance dans la société perd aussi confiance dans la démocratie. La participation diminue, de même que la disposition à aller voter. » En savoir plus

Jonathan Glazer, lauréat du Prix de la paix du cinéma allemand pour « La zone d’intérêt »

Le Britannique Jonathan Glazer, réalisateur du film oscarisé « La zone d’intérêt », va recevoir le Prix de la paix international du cinéma allemand – Die Brücke. Le jury a salué un chef-d’œuvre esthétique et conceptuel pour affirmer « Plus jamais ça » et lancé un appel actuel à « étouffer le mal dans l’œuf ». Le film raconte la vie du commandant du camp d’Auschwitz, Rudolf Höß, et de sa famille. Il montre l’assassinat de masse sous l’angle privé et la mentalité d’une bourgeoisie capable de tout, a souligné le jury. L’acteur Christian Friedel, qui incarne Rudolf Höß, recevra le prix du meilleur acteur.

Le Prix de la paix national récompense la réalisatrice Julia von Heinz pour « Treasure - Familie ist ein fremdes Land », et le prix spécial le journaliste ukrainien Mstyslav Chernov pour son documentaire « 20 jours à Marioupol  ».
Rédaction : A.L.