L’asperge, une passion allemande

J.W. Goethe l’a surnommée la « reine des légumes ». L’asperge est aux Allemands ce que la baguette est aux Français et les pâtes aux Italiens. Le début de la saison (début avril- fin juin) est un événement. Les restaurateurs l’inscrivent au menu. Certains proposent une carte spécifique (« Spargelkarte  ») avec un choix de spécialités. Sur les marchés, la demande excède l’offre, malgré le prix et bien que l’Allemagne soit l’un des premiers producteurs mondiaux.

Premiers consommateurs européens, les Allemands raffolent, contrairement à leurs voisins, surtout de l’asperge blanche. Ils la prépareront à l’eau, au four ou à la vapeur accompagnée de beurre ou de sauce hollandaise. Ils évoquent en connaisseurs ses déclinaisons régionales souvent labellisées : Beelitzer (Brandebourg), Schrobenhausener (Bavière), Pfälzer (Palatinat), Nienburger (Basse-Saxe), Walbecker (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) ou Fränkischer (Franconie).

Instituts : les droits de douane américains menacent la croissance allemande

Selon un rapport commun des cinq principaux instituts allemands d’analyse de la conjoncture, l’économie allemande ne devrait enregistrer qu’une infime croissance (0,1 %) en 2025.

Le calcul inclut les effets des droits de douanes annoncés par les États-Unis sur l’aluminium, l’acier et l’automobile. Ceux-ci devraient coûter 0,1 point de croissance par an à l’Allemagne en 2025 et 2026. Mais la prévision ne prend pas en compte les annonces du 2 avril, partiellement suspendues entre-temps. Ces dernières pourraient coûter 0,2 points supplémentaires par an.

Selon le rapport, l’Allemagne pourrait donc flirter avec une troisième année de récession, après avoir enregistré une croissance négative en 2023 (- 0,3 %) et 2024 (- 0,2 %). Toutefois, les économistes admettent leur difficulté à estimer avec précision les effets de ces droits de douane, qui sont « d’une ampleur inédite depuis la Grande dépression des années 1930 ».

L’économie allemande est également confrontée à d’autres difficultés. « Les tensions géopolitiques et la politique commerciale protectionniste menée par les États-Unis aggravent une situation économique déjà tendue », résume Torsten Schmidt, directeur du département de la conjoncture de l’institut Leibniz pour la recherche économique RWI.

« C’est l’exacerbation de la concurrence chinoise qui a massivement affaibli notre industrie exportatrice ces dernières années », constate Timo Wollmershäuser, de l’institut Ifo. D’une part, les exportations allemandes ont diminué. De l’autre, la Chine a davantage concurrencé les produits allemands sur des marchés sur lesquels ils étaient installés de longue date. Certaines entreprises, par exemple des constructeurs automobiles, y ont délocalisé leurs usines.

Le diagnostic des instituts évoque, en outre, des freins structurels à la croissance. Le coût de l’énergie, la démographie et la bureaucratie pèsent sur l’activité. La consommation ne repart pas malgré le reflux de l’inflation (2,2 % en 2024 ; 2,1 % attendus en 2025 et 2026). Les consommateurs préfèrent épargner une grande partie de leurs revenus. Cette croissance atone se répercute sur le marché du travail. Le taux de chômage devrait passer de 6,0 % en 2024 à 6,3 % cette année.

Le rapport de printemps sert de base aux prévisions de croissance et à l’estimation fiscale du gouvernement fédéral. Il est élaboré par l’Institut allemand pour la recherche économique (DIW), l’institut Ifo, l’Institut d’économie internationale de Kiel (IW Kiel) et par les Instituts Leibniz pour la recherche économique de Halle et d’Essen (RWI). En savoir plus

Il y a 80 ans, la libération du camp de concentration de Buchenwald

Le 11 avril 1945 en fin d’après-midi, il y a tout juste 80 ans, les troupes américaines libéraient le camp de concentration de Buchenwald, près de Weimar (Thuringe). Les 21 000 détenus qui s’y trouvaient avaient pris le contrôle du camp quelques heures plus tôt, après la fuite des commandants S.S. du camp vers midi. Entre le 7 et le 11 avril, les S.S. avaient envoyé environ 28 000 prisonniers vers d’autres camps de concentration par transport ferroviaire ou « marches de la mort ».

Édifié en 1937, le camp de Buchenwald a été, avec ses 139 camps extérieurs et quelque 9 000 surveillants S.S., l’un des plus importants camps nazis sur le territoire allemands. Près de 250 000 hommes et 28 000 femmes de 50 nationalités - juifs, opposants politiques, criminels, « asociaux », homosexuels, Roms et Sintis, témoins de Jéhovah, prisonniers de guerre, déserteurs – y ont été internés. 38 000 d’entre eux y ont trouvé la mort, 56 000 en comptant les prisonniers de guerre et les victimes des « marches de la mort ».

Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de survivants du camp de Buchenwald. « C’est nous tous, chaque citoyen, chaque citoyenne qui portons la responsabilité de la mémoire », souligne le directeur du mémorial de Buchenwald et Mittelbau-Dora, Jens-Christian Wagner. Il importe d’affirmer ses convictions et de s’opposer au racisme, à l’extrême droite et à l’antisémitisme, ajoute-t-il. Une cérémonie de commémoration de la libération du camp a eu lieu dimanche 6 avril en présence de dix survivants israéliens, polonais, français, roumains et biélorusses. En savoir plus

Biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 : Paris et Berlin renouvellent leur partenariat

L’Allemagne et la France ont renouvelé pour cinq ans leur partenariat dans le domaine de la recherche et de la restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945. Une convention a été signée à Berlin en ce sens le 21 mars dernier par l’Office fédéral allemand pour la recherche de provenance des biens culturels spoliés (DZK), la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 (M2RS) du ministère français de la Culture et la Commission pour la restitution des biens et l’indemnisation des victimes de spoliations antisémites (CIVS). Elle prévoit l’échange d’informations, l’amélioration de la recherche de provenance, l’alimentation mutuelle des bases de données, l’organisation d’événements communs (conférences, séminaires, etc.) et la constitution d’un groupe de travail. Elle fait une place importante aux projets de recherche concernant la circulation des biens culturels spoliés entre la France et l’Allemagne. En savoir plus

Accord sur des augmentations de salaires pour les contractuels de la fonction publique

Quelque 2,5 millions d’agents contractuels de l’État fédéral et des communes vont voir leurs rémunérations augmenter et leur temps de travail s’assouplir. Un accord salarial a été signé en ce sens à Potsdam dimanche 6 avril. Il prévoit une augmentation des rémunérations de 5,8 % sur deux ans : + 3 % (110 euros minimum) au 1^er avril 2025, et + 2,8 % au 1^er mai 2026. D’un commun accord entre patronat et syndicats, la durée du travail hebdomadaire pourra être augmentée de trois heures rémunérées, jusqu’à un plafond de 42 heures hebdomadaires. La prime annuelle pourra être convertie en repos, correspondant à trois jours de congé. Un jour de congé annuel supplémentaire sera, en outre, octroyé aux agents à partir de 2027. L’accord doit être approuvé par les adhérents des syndicats signataires d’ici à la mi-mai pour entrer en vigueur.

Une peinture de jeunesse de Gerhard Richter mise au jour à Dresde

Le musée allemand de l’hygiène à Dresde a annoncé la mise au jour d’une peinture murale de jeunesse de Gerhard Richter près de 70 ans après sa création.

Devenu une figure majeure de l’art contemporain, Gerhard Richter a peint ce tableau de 63 m² intitulé Lebensfreude (joie de vivre) en 1956 pour obtenir son diplôme de fin d’études à l’École des Beaux-Arts de Dresde (Saxe), alors en RDA. On y voit des groupes de personnages dans des situations du quotidien et des activités de loisir.

Le mur a été repeint en 1979. L’école aurait estimé « qu‘il n’y avait pas lieu d’attribuer une valeur artistique à un travail d’étudiant ». Elle aurait également évoqué le départ pour l’Ouest de l’artiste en mars 1961, quelques mois avant la construction du mur de Berlin.

Aujourd’hui âgé de 93 ans, Gerhard Richter a toujours refusé, depuis la Réunification, la mise au jour de l’œuvre. En 2022, il a toutefois accepté l’idée d’un dévoilement partiel de la toile, restreint à sa partie centrale. Un pan de 19 m² a été mis au jour. Il a été restauré par l’École des Beaux-Arts de Dresde avec le soutien des fondations Wüstenrot et Ernst von Siemens.

La Mostra de Venise distingue Werner Herzog

Le cinéaste allemand Werner Herzog va recevoir un Lion d’or pour l’ensemble de son œuvre lors de la Mostra de Venise, du 27 août au 6 septembre.

Le réalisateur de Aguirre, la colère de Dieu et de Nosferatu, fantôme de la nuit a été « l’un des grands innovateurs du Nouveau cinéma allemand », a justifié le directeur du festival italien, Alberto Barbera. Il « parcourt sans relâche la planète Terre en marcheur infatigable, en quête d’images jamais vues, il teste notre capacité à regarder et nous met au défi de comprendre ce qui se cache derrière l’apparence de la réalité ». De plus, ce brillant conteur est « aussi le dernier héritier de la grande tradition du romantisme allemand ».

Werner Herzog s’est dit « profondément honoré ». « J’ai toujours essayé d’être un bon soldat du cinéma, et c’est une médaille qui récompense mon travail », a-t-il déclaré. À 82 ans, Werner Herzog est loin d’avoir rangé sa caméra. Il vient de terminer le tournage d’un documentaire en Afrique (Ghost Elephants) et entame en Irlande celui d’un nouveau long-métrage intitulé Bucking Fastard.

Rédaction : A.L.