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Il y a 60 ans, le discours du général de Gaulle à la jeunesse allemande

Visite officielle du général de Gaulle en Allemagne, le 21 juin 1966 à Bonn. Bain de foule en marge du protocole

Visite officielle du général de Gaulle en Allemagne, le 21 juin 1966 à Bonn. Bain de foule en marge du protocole, © picture-alliance / dpa Hans Heckmann | Hans HeckmannLe présief

09.09.2022 - Article

« Je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple. » Il y a 60 ans, le général de Gaulle prononçait à Ludwigsburg son célèbre discours à la jeunesse allemande. Une étape marquante dans l’histoire de la réconciliation franco-allemande.

C’est l’un des grands discours de l’histoire des relations franco-allemandes. Le 9 septembre 1962, le général de Gaulle s’adressait à la jeunesse allemande dans la cour du château de Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg). « Je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple. Oui ! D’un grand peuple ! », déclarait-il dans un allemand parfait. Ses mots (voir encadré) trouvèrent un écho enthousiaste dans le cœur des jeunes Allemands. Ils demeurent un jalon dans l’histoire de la réconciliation franco-allemande.

Six mois plus tard, Charles de Gaulle allait en effet signer le traité de l’Élysée avec le chancelier Adenauer. Ce traité est la base de toute la coopération franco-allemande. Il place au centre les rencontres de jeunes en créant l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ).

En ce 9 septembre 1962, pourtant, la main tendue du général de Gaulle à la jeunesse allemande n’allait pas de soi. Dix-sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les blessures étaient encore vives entre les anciens « ennemis héréditaires ». Mais l’homme du 18 juin n’agissait pas non plus sans préparation.

Une étape de plus dans le rapprochement franco-allemand

Au sein de la société, le rapprochement franco-allemand avait débuté dès la fin de la guerre. Il était, au départ, le fait d’une poignée d’intellectuels, de journalistes, d’écrivains, de fonctionnaires, de syndicalistes, d’hommes d’Église et d’acteurs du travail avec la jeunesse. Des consciences éclairées souvent issues de milieux confessionnels, catholiques ou protestants, et de la Résistance.

On comptait aussi parmi eux d’anciens prisonniers de guerre ou rescapés des camps nazis. Et notamment Joseph Rovan, qui a marqué les esprits le 1er octobre 1945 dans un article intitulé « L’Allemagne de nos mérites ». À une époque où la France pratiquait encore une politique très restrictive dans sa zone d’occupation en Allemagne, il expliquait : « Plus nos ennemis [o]nt terni la figure humaine, plus nous sommes tenus à la respecter en eux, et même à l’embellir. […] L’Allemagne de demain sera à la mesure de nos mérites. »

Dès 1945 et tout au long des années 1950, ces pionniers se sont ainsi engagés en faveur d’un rapprochement entre les Français et les Allemands. On leur doit les premiers jumelages, à partir de 1950. Ils n’ont pas eu d’impact politique direct. Mais ils ont contribué à faire évoluer les mentalités. Ils ont aussi préparé le terrain à l’action politique.

De Gaulle et Adenauer scellent la réconciliation franco-allemande

Le général de Gaulle et le chancelier fédéral Konrad Adenauer lors d’une manifestation à Bonn, le 9 mai 1962. Une foule nombreuse en faveur de l’intégration européenne et de la coopération franco-allemande
Le général de Gaulle et le chancelier fédéral Konrad Adenauer lors d’une manifestation à Bonn, le 9 mai 1962. Une foule nombreuse en faveur de l’intégration européenne et de la coopération franco-allemande© picture-alliance / dpa | UPI

En la matière, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont donné l’impulsion décisive à partir de 1958. Dès leur première rencontre à la Boisserie, ils ont constaté leur volonté commune de voir la France et l’Allemagne construire l’avenir ensemble. Début juillet 1962, le chancelier fédéral a effectué une visite officielle de plusieurs jours en France. Il a été acclamé par la foule. Une messe en la cathédrale de Reims en présence du général de Gaulle et de Konrad Adenauer a clos la visite par un signe de réconciliation.

La tournée du général de Gaulle en Allemagne, du 4 au 9 septembre 1962, constituait le pendant de cette visite du chancelier. Le président français a prononcé une dizaine de discours, souvent en allemand. Il s’est exprimé devant les ouvriers métallurgistes des usines Thyssen de Duisburg, dans la Ruhr, devant les officiers de l’École militaire supérieure de Hambourg, devant les habitants de Munich et de Stuttgart, et pour finir devant les 7 000 jeunes Allemands réunis dans la cour du château de Ludwigsburg. À tous, il a tenu le même discours axé sur la réconciliation, l’amitié et la construction de l’avenir en commun. Les Allemands l’ont accueilli chaleureusement aux quatre coins du pays.
A.L.

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