L’espoir d’un retour à la paix après deux ans de guerre

Des évolutions positives ont eu lieu au cours des derniers jours et semaines concernant un règlement pacifique durable du conflit dans le Tigré. Début novembre, des représentants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ainsi que du gouvernement central éthiopien avaient décrété un cessez-le-feu permanent. Depuis, de nombreux progrès tangibles ont été accomplis en matière de règlement du conflit : les milices tigréennes sont désarmées, les habitants du Tigré ont de nouveau accès à des services de base et les organisations d’aide humanitaire peuvent accéder plus facilement à la région. L’accès à l’électricité et à la téléphonie mobile a été restauré dans les grandes villes telles que Mekele et Shire. Fin décembre, la compagnie aérienne nationale Ethiopian Airlines a par ailleurs rétabli des vols dans la partie nord du pays, ce qui s’avère essentiel pour stimuler l’économie dans cette région.

Le fait que toutes ces mesures aient été prises n’est pas une évidence. La guerre en Éthiopie compte parmi les guerres les plus mortelles des deux dernières années. La méfiance a creusé des fossés profonds au sein de la société. C’est pourquoi il importe maintenant que nous appuyions avec toute notre énergie ces développements positifs vers la paix en Éthiopie. C’est précisément sur ce sujet que s’entretiendront les deux ministres avec le premier ministre Abiy Ahmed, leur homologue Demeke Mekonnen, le ministre de la Justice Gedion Timotheos et la présidente du pays Sahle-Work Zewde. Leurs discussions porteront également sur les droits humains. D’après des rapports de l’ONU, de graves crimes contre les droits de l’homme ont été commis par toutes les parties durant le conflit. Le gouvernement éthiopien travaille actuellement à la mise en place d’un mécanisme de justice transitionnelle afin d’élucider ces crimes et d’amener leurs auteurs devant les tribunaux. Parallèlement, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a chargé une commission internationale d’experts d’enquêter sur ces crimes.

La guerre d’agression russe contre l’Ukraine déstabilise également la Corne de l’Afrique : l’Allemagne et la France amortissent les répercussions sur la région

La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a provoqué des pénuries d’approvisionnement, une augmentation des prix de l’énergie et des restrictions à l’exportation, entraînant à leur tour une hausse des prix des aliments. À l’heure actuelle, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) estime qu’environ 345 millions de personnes sont atteintes de malnutrition aiguë, soit 69 millions de plus qu’au début de la guerre d’agression russe. Toujours selon le PAM, les conséquences de cette dernière seraient responsables de la malnutrition de 47 millions d’entre elles. La situation en Éthiopie est particulièrement critique. Dans la Corne de l’Afrique, un approvisionnement suffisant en aliments a été rendu encore plus difficile à cause d’une sécheresse désastreuse. Cela fait cinq ans qu’il n’a pas plu dans de nombreuses parties de la région.

Lors de leur visite, les deux ministres visiteront un entrepôt du Programme alimentaire mondial, où sont amoncelés jusqu’au plafond des sacs de blé en provenance de l’Ukraine. Ces derniers vont désormais être rapidement distribués aux personnes nécessiteuses en Éthiopie dans le cadre de l’initiative «  Grain from Ukraine  » lancée par l’Ukraine avec des partenaires internationaux et au sein de laquelle l’Ukraine effectue des dons de céréales afin de combattre la misère dans des pays particulièrement touchés par la famine tels que l’Éthiopie. Les frais de transport et de distribution sont pris en charge par les partenaires donateurs internationaux. L’Allemagne a assumé les frais de transport des livraisons de céréales vers l’Éthiopie et la France finance le transport de 25 000 tonnes de céréales vers la Somalie, pays voisin de l’Éthiopie. La livraison de 25 000 tonnes de céréales vers l’Éthiopie permettra d’assurer pendant un mois l’alimentation de 1,6 million d’Éthiopiennes et d’Éthiopiens.

L’Union africaine, un partenaire majeur de l’Europe en matière d’engagement pour la paix et la sécurité

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C’est à Addis-Abeba qu’est situé le siège de l’Union africaine (UA). Les cheffes de la diplomatie allemande et française profiteront de leur deuxième jour de visite en Éthiopie pour rencontrer le président de la Commission de l’UA Moussa Faki, afin de renforcer le partenariat entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Bien qu’elle n’existe que depuis 20 ans, l’UA joue d’ores et déjà un rôle essentiel dans la mise en place de missions de médiation et de paix sur le continent africain. L’UA est présente sur le long terme notamment en Somalie (avec environ 19 500 troupes depuis 2007 avec AMISOM/ATMIS) et ponctuellement dans un grand nombre de régions en crise en Afrique. C’est également grâce au rôle de médiateur de l’Union africaine, sous la direction de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, que le cessez-le-feu en Éthiopie a pu être conclu.

L’UA met particulièrement l’accent sur le renforcement du rôle politique des femmes dans les processus de paix, sur le modèle du « Programme pour les femmes et la paix et la sécurité » du Conseil de sécurité de l’ONU. Parmi ses initiatives se trouvent par exemple FemWise, un réseau de personnalités féminines africaines qui s’engagent pour la prévention des conflits et la médiation, et le réseau African Women Leaders Network dont le but consiste à garantir le rôle de leadership des femmes dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063, le programme de développement africain. Ces deux initiatives sont soutenues par l’Allemagne.