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Ariane 6 en plein préparatifs
Illustration du lanceur de la nouvelle génération Ariane 6, © picture alliance/ ABACA / Patrick Aventurier
C’est un fleuron de la coopération spatiale franco-allemande et européenne. La fusée Ariane 6 devrait décoller cette année de la base de Kourou. L’ambassadeur d’Allemagne en France, Stephan Steinlein, a visité aujourd’hui son site de production aux Mureaux.
Son vol inaugural se profile comme l’événement de l’année dans l’industrie spatiale européenne. La fusée Ariane 6 devrait s’élancer de la base de Kourou au deuxième semestre, entre le 15 juin à la fin juillet, selon l’annonce d’ArianeGroup. Pour l’heure, ce fleuron de la coopération franco-allemande peaufine sa silhouette avant d’embarquer très prochainement pour la Guyane à bord d’un cargo hybride. L’ambassadeur d’Allemagne en France, Stephan Steinlein, a pu assister aux préparatifs. Il été reçu vendredi sur le site de fabrication des Mureaux (Île-de-France) par les P.D.G. d’ArianeGroup, Martin Sion, et d’ArianeSpace, Stéphane Israël.
Des Mureaux et de Brême jusqu’à Kourou
Le site des Mureaux est spécialisé dans la maîtrise d’œuvre et la conduite des grands programmes spatiaux civils et militaires. C’est dans ses bureaux d’études qu’est née Ariane 6.
La nouvelle fusée européenne a parallèlement été construite en Allemagne. Le site de Brême, au nord du pays, développe l’étage supérieur des lanceurs Ariane depuis l’origine. Pour Ariane 6, il a assuré le design, le développement et la fabrication de l’étage supérieur. Il produit également des réservoirs métalliques pour les systèmes propulsifs orbitaux.
Au total, ArianeGroup emploie 7 600 salariés en France et en Allemagne. Co-entreprise détenue à parité par Airbus et Safran, le groupe compte huit sites dans l’Hexagone et quatre sites en Allemagne (Brême, Lampoldhausen, Ottobrunn et Trauen), en plus du Centre Spatial Guyanais (CSG), à Kourou.
Sur tous les sites, l’atmosphère est actuellement à à la concentration. L’envol d’Ariane 6 est un enjeu de taille. Le programme a pris quatre ans de retard sur le calendrier initial. Ariane 6 décollera après le dernier vol d’Ariane 5, qui avait permis la mise en orbite d’un satellite français et d’un satellite allemand en juillet 2023. Dans l’intervalle, l’Europe dépend notamment de l’américain Space X et de la NASA pour ses lancements urgents.
Le spatial en pleine évolution
L’ambition initiale du programme Ariane, doter l’Europe d’un aspect indépendant à l’espace, est donc plus que jamais d’actualité. Dans le même temps, le marché des lanceurs est en pleine évolution. Dominé par Space X pour les lanceurs lourds, il voit arriver une nouvelle génération de micro-lanceurs et une concurrence exacerbée venue des États-Unis, de Chine ou d’Inde.
La stratégie à adopter a été à l’origine de nombreux désaccords entre Paris et Berlin ces dernières années. Les gouvernements ont finalement décidé d’allier l’ambition d’une souveraineté européenne dans le domaine spatial et la compétitivité par la maîtrise des coûts. Le 6 novembre 2023, lors du sommet de l’Agence spatiale européenne (ESA), à Séville (Espagne), l’Allemagne, la France et l’Italie se sont accordées pour soutenir l’exploitation d’Ariane 6 chaque année à hauteur de 340 millions d’euros à partir de 2026. En contrepartie, les industriels se sont engagés à réduire les coûts de 11 %.
C’est un gage de continuité pour Ariane 6 et la réaffirmation de la volonté de poursuivre l’aventure commune vers les étoiles. Cette aventure est, depuis un demi-siècle, l’une des plus belles réussites de la coopération franco-allemande. Ariane 5, par exemple, a effectué pas moins de 117 lancements depuis Kourou, et mis en orbite plus de 1150 satellites.
Ariane 6 doit inaugurer une nouvelle ère. Le premier vol commercial est prévu pour la fin 2024. Les décollages sont prévus au rythme de neuf à douze lancements par an.
L’Europe n’entend pas, pour autant, délaisser l’innovation. Elle se lance, elle aussi, dans la course aux micro-lanceurs à travers, par exemple, la filiale d’ArianeGroup MaiaSpace et les starts-ups allemandes Isar Aerospace Technologies et Rocket Factory Augsburg.
A.L.