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L’Allemagne et la France rendent hommage à l’Européen Wolfgang Schäuble
Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier accueille Emmanuel Macron, président de la République française, avant un entretien au château de Bellevue, © picture alliance/dpa | Christoph Soeder
Le Bundestag a rendu lundi un hommage officiel à l’ancien ministre et président du Bundestag Wolfgang Schäuble, décédé le 26 décembre 2023. Le président français, Emmanuel Macron, était présent pour saluer la mémoire de ce grand Européen, ami de la France.
« L’Allemagne a perdu un homme d’État, l’Europe un pilier et la France un ami ». C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a salué lundi, au Bundestag, la mémoire de l’ancien ministre allemand Wolfgang Schäuble, décédé au lendemain de Noël à 81 ans.
Le président français était invité à participer à la cérémonie officielle organisée au Bundestag, en présence du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, du chancelier Olaf Scholz, ainsi que de nombreuses personnalités du monde politique, économique et culturel.
Une fois n’est pas coutume, M. Macron a prononcé la plus grande partie de son discours en allemand. Un geste qu’aurait certainement apprécié Wolfgang Schäuble, en particulier en cette Journée franco-allemande du 22 janvier, anniversaire de la signature du traité de l’Élysée entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.
Un Européen convaincu, ami de la France
L’ancien ministre allemand était, en effet, un Européen convaincu. L’intégration européenne a été le fil rouge de son engagement politique. Dans les années 1990, il s’était distingué en formulant des propositions sur la formation d’un « noyau dur » d’États pour dessiner l’avenir de l’Europe. Dans les années 2010, devenu ministre des Finances, il a apporté une importante contribution à la gestion de la crise des dettes souveraines, même s’il a parfois été controversé.
Francophone et francophile, Wolfgang Schäuble accordait une très grande importance à la coopération franco-allemande. « Si aujourd’hui, vous entendez un Français parler au Bundestag, vous le devez aussi à l’amitié de ce grand Allemand », a souligné M. Macron. En tant que président du Bundestag (2017-2021), Wolfgang Schäuble a été l’un des artisans du traité d’amitié franco-allemand d’Aix-la-Chapelle, qui porte sa marque, a rappelé le président français.
Wolfgang Schäuble avait la conviction que « c’est uniquement quand l’Allemagne et la France œuvrent dans le même sens que des questions souvent difficiles peuvent se résoudre », a rappelé le président français. La « relation inséparable » entre les deux pays est la formule qui leur a permis de s’épanouir après la Seconde Guerre mondiale. « Acceptons cet héritage, soyons à la hauteur de la tâche », a exhorté M. Macron.
Un grand démocrate et un parlementaire d’exception
Wolfgang Schäuble « pouvait être très dur sur le fond, et cela ne lui a pas valu que des amis, par exemple lors de la crise de la dette », a rappelé le président du Parti chrétien-démocrate (CDU), Friedrich Merz. « Mais il était toujours juste dans ses relations, il était toujours prêt à écouter son interlocuteur avec respect, et toujours disposé à faire des compromis dans l’intérêt de l’Europe. »
« L’Allemagne perd un grand démocrate et un grand homme d’État, l’Europe un maître à penser et la France un ami », a résumé Bärbel Bas. La présidente du Bundestag, qui a succédé à Wolfgang Schäuble, a souligné la force de conviction et l’humour au second degré qui caractérisait son prédécesseur. C’était « un responsable politique d’exception, un parlementaire passionné et un grand Européen », a-t-elle dit. Député de 1972 à sa mort, Wolfgang Schäuble sera resté parlementaire pendant 51 ans, un record absolu en République fédérale.
La fin d’une carrière politique impressionnante
Sa mort marque « la fin d’une carrière politique impressionnante », souligne la chancellerie allemande sur son site Internet. De 1984 à 2023, Wolfgang Schäuble a enchaîné les postes de premier plan : ministre de la chancellerie fédérale, ministre de l’Intérieur (1989-1991, puis 2005-2009), ministre des Finances (2009-2017), puis président du Bundestag, le deuxième poste le plus élevé de l’État.
Négociateur du traité d’unification avec la RDA, il a été l’artisan de la Réunification allemande, puis un orateur décisif dans le débat sur le transfert de la capitale fédérale à Berlin. L’attentat qui l’a laissé paraplégique, en octobre 1990, n’a en rien altéré sa détermination, ni sa force d’âme.
« En Wolfgang Schäuble, nous perdons l’un des démocrates les plus importantes de notre République », a commenté l’actuelle ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser.
C’était « un penseur rigoureux, un responsable politique passionné, un démocrate combatif », c’était aussi « un chrétien-démocrate marquant qui débattait volontiers et qui ne perdait jamais de vue l’essence de la politique : améliorer la vie des citoyens », a écrit le chancelier Olaf Scholz sur X.
A.L.