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L’amitié franco-allemande sur les bancs de l’école
Le lycée franco-allemand de Fribourg, © Manuel Madey
Dans les lycées franco-allemands (LFA), on travaille et on vit dans les deux langues. Aujourd’hui, nous vous emmenons à la découverte de l’une de ces écoles bilingues.
Ici, on passe constamment d’une langue à l’autre : cela fait partie du quotidien. Joachim Schmelz, directeur du Lycée franco-allemand de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne, explique qu’il est « tout à fait normal que l’on change de langue en permanence et dans toutes les situations, que ce soit dans la salle où se réunit l’équipe enseignante, à la direction, au secrétariat ou dans les classes ». Le fait que les deux langues soient utilisées à parité se reflète également dans le duo assurant la direction de l’école, que Joachim Schmelz partage avec Miguel Rubio, son collègue français. Ce dernier précise qu’au-delà de la langue, « c’est vraiment passionnant de diriger un lycée dans lequel deux cultures se mélangent. »
Les LFA, des enfants du Traité de l’Élysée
Il existe à ce jour 5 Lycées franco-allemands (LFA). Trois d’entre eux sont situés en Allemagne, dans les villes de Fribourg, Sarrebruck et Hambourg. Les deux autres ont vu le jour en France, l’un dans la commune de Buc, près de Paris, et l’autre à Strasbourg. Le projet de ces établissements remonte à la signature historique du Traité de l’Élysée, le 22 janvier 1963, par le chancelier allemand de l’époque, Konrad Adenauer, et le président français Charles de Gaulle. Considéré comme fondateur de la réconciliation et de l’étroit partenariat franco-allemand au sein de l’Europe, cet accord portait une attention particulière à la jeunesse appelée à jouer un « rôle déterminant dans la consolidation de l’amitié franco-allemande ».
C’est dans cette tradition que s’inscrivent, aujourd’hui encore, les lycées franco-allemands. À l’occasion de la Journée franco-allemande célébrée chaque année en référence au Traité de l’Élysée, le lycée de Fribourg organise par exemple de nombreux événements : des conférences historiques sur les relations franco-allemandes, des tables rondes sur le rôle d’une identité européenne ou encore des sessions d’orientation professionnelle avec des conseils pour accéder aux emplois bilingues. Les deux directeurs expliquent que la Journée franco-allemande est certes un moment spécial pour leur établissement, mais ils soulignent que « d’un autre côté, chez nous, c’est la Journée franco-allemande toute l’année ».
Découvrir la culture du pays voisin
Manuel Madey connaît le Lycée franco-allemand de Fribourg sous deux angles différents. Il y a 20 ans, il y a préparé son baccalauréat franco-allemand et aujourd’hui, il y enseigne l’allemand, l’histoire et l’éducation civique. Et il constate que plus il prend de l’âge, plus il réalise à quel point la fréquentation d’une école biculturelle a été enrichissante et formatrice pour lui. C’est ce qu’il souhaite de transmettre à ses élèves. « On profite avant tout des amitiés qui se créent. Et quand on se retrouve tous les jours en classe avec des élèves français et allemands, cela fait aussi naître des liens et des affinités pour la culture. »
Lorsqu’on interroge les élèves d’aujourd’hui sur leur lycée, ils évoquent la langue et la culture, mais aussi les amitiés qui s’y nouent. « Le dialecte »LFA« – un mélange d’allemand et de français dans une même phrase – montre comment les deux langues et les deux cultures se mélangent dans notre école », raconte par exemple Noah Mekic. Sa camarade Jasmina Abo souligne que cette scolarité est « une bonne occasion d’en apprendre plus sur nous tous et de se faire de nouveaux amis ayant des cultures différentes. » Quant à Lena Brunelière, Ana Valverde ou Louann Peyre, ils sont unanimes à propos de la particularité de leur école : « Même s’il y a souvent des problèmes de communication au début, on apprend avec le temps à se comprendre, à surmonter les barrières linguistiques et à grandir ensemble pour former une communauté. »
Une fois qu’ils ont quitté les bancs du lycée, les élèves peuvent mettre à profit leur diplôme biculturel. Celles et ceux qui ont obtenu le baccalauréat franco-allemand (Abibac) parlent au moins deux langues presque couramment et ont d’excellentes opportunités sur le marché de l’emploi international. Les anciens élèves travaillent dans les filières les plus diverses en Allemagne et en France, mais aussi au Canada ou aux États-Unis par exemple.
Pour le directeur de l’école, Joachim Schmelz, cette scolarité va au-delà des avantages pratiques pour les élèves. Il souligne ainsi le rôle social que joue cette coopération entre deux langues et deux cultures : « Ce qui est formidable avec ce type de structure, c’est qu’il permet d’élargir ses horizons. Or, dans le contexte politique actuel en particulier, c’est ce dont notre société a besoin de toute urgence. »
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