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Ludwigsburg, pionnier du dialogue franco-allemand depuis 75 ans

 L'Institut franco-allemand (DFI) de Ludwigsburg fête ses 75 ans le 2 juillet 2023

L'Institut franco-allemand (DFI) de Ludwigsburg fête ses 75 ans le 2 juillet 2023, © picture alliance | CHROMORANGE / Ralph Peters

30.06.2023 - Article

Né le 2 juillet 1948 à l’initiative de pionniers du rapprochement franco-allemand, l’Institut franco-allemand (DFI) de Ludwigsburg œuvre à la compréhension réciproque. Il fêtera lundi ses 75 ans en présence d’Emmanuel Macron et de Frank-Walter Steinmeier.

Ludwigsburg accueillera lundi la première étape de la visite d’État d’Emmanuel Macron en Allemagne. Le président français participera avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, à la célébration du 75e anniversaire de l’Institut franco-allemand (DFI). Centre de recherche, de documentation et de dialogue, le DFI incarne par son histoire l’esprit pionnier du rapprochement franco-allemand et le rôle de la jeunesse dans l’entente entre les deux pays.

À la racine du rapprochement franco-allemand

Située à une quinzaine de kilomètres au nord de Stuttgart (Bade-Wurtemberg), Ludwigsburg a, en effet, accueilli les premières semences d’une volonté de rapprochement entre Français et Allemands au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. De « réconciliation », il n’était pas encore question. L’Allemagne détruite et sous statut d’occupation, la France libérée mais traumatisée pansaient leurs plaies. La France menait une politique d’occupation restrictive surtout destinée à contenir le « danger » allemand. La République fédérale n’était pas encore née. Mais un petit groupe de pionniers pensait déjà que le cercle vicieux de la haine et de la guerre ne pouvait pas être le dernier acte de l’histoire.

Il s’agissait de démocrates allemands tels que le juriste Carlo Schmid, le futur président fédéral Theodor Heuss et le romaniste et historien Fritz Schenk, ainsi que d’intellectuels Français tels que Joseph Rovan et Alfred Grosser. Le 2 juillet 1948, ils fondèrent le DFI, sous l’impulsion de Fritz Schenk, qui en devint le directeur jusqu’en 1972. L’objectif était de créer un forum dans lequel Allemands et Français pourrait à nouveau nouer le dialogue. « Nous avons l’intention de promouvoir la rencontre franco-allemande et l’échange d’individus et de groupes, et de contribuer ainsi à la compréhension et à la formation d’un esprit international tolérant », soulignait Fritz Schenk.

L’Institut se consacra à ses débuts à faciliter les rencontres et à promouvoir la compréhension mutuelle entre les habitants des deux pays. La graine d’un rapprochement s’enracina. Et elle porta bientôt ses premiers fruits : en 1950, la ville de Ludwigsburg scellait avec Montbéliard le tout premier jumelage franco-allemand. « Qui ose encore nier la nécessité d’un rapprochement ? Se regarder toujours […] le doigt sur la détente du fusil, prêts à mettre le feu au monde, n’est pas une existence raisonnable pour deux peuples », commentera le maire de Montbéliard, Lucien Tharradin.

Le général de Gaulle et la jeunesse allemande

Le DFI a vu son rayonnement croître d’année en année. En 1955, Robert Schuman, l’un des pères de l’Europe, est venu prononcer au château de Ludwigsburg une conférence qui portait sur une nouvelle phase de l’idée européenne.

Et surtout, c’est à Ludwigsburg que le général de Gaulle a prononcé le 9 septembre 1962 son célèbre discours à la jeunesse allemande. Ses mots, « Je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple », résonnent dans toutes les mémoires. On parle même d’une « génération Ludwigsburg » pour évoquer ceux que ce discours a animés à s’engager. Six mois après ce discours, le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer signaient le traité de l’Élysée. Ils scellaient entre les deux peuples la réconciliation et ouvraient une ère de coopération entre la France et l’Allemagne.

Le DFI a évolué au fil des décennies. Son deuxième directeur, le sociologue Robert Picht (1972-2002), en a fait un centre de recherche scientifique sur la politique de la France et sur les relations franco-allemandes. En 1984, il a créé un groupe de travail sur la recherche en sciences sociales sur la France, tout en poursuivant son travail de diffusion d’informations auprès du public. Il a également lancé les conférences annuelles du DFI, dont les contributions paraissent dans le «  Frankreich-Jahrbuch  ». Parallèlement, l’Institut a développé sa fonction de documentation en créant notamment la bibliothèque scientifique (Frankreich-Bibliothek).

Une conférence franco-allemande sur l’avenir

Frank Baasner, directeur de l’Institut franco-allemand (DFI) de Ludwigsburg
Frank Baasner, directeur de l’Institut franco-allemand (DFI) de Ludwigsburg © picture alliance/dpa | Christoph Schmidt

Aujourd’hui présidé par Frank Baasner, le DFI se définit comme un centre de recherche, de documentation et de conseil indépendant « qui accompagne le dialogue entre les acteurs des deux pays, et contribue à façonner la coopération franco-allemande dans les domaines politique, économique et social ».

Son regard est résolument tourné vers l’avenir. Pour son 75e anniversaire, l’Institut organise une « Conférence franco-allemande sur l’avenir » en plusieurs parties. Il a aussi fait réaliser pour l’occasion un sondage d’opinion sur les relations entre les sociétés française et allemande. L’enquête sera publiée le 1er juillet. Elle permettra de comprendre les points de vue des deux sociétés sur la situation actuelle et sur l’Europe, ainsi que de mieux cerner leurs attentes, leurs espoirs et leurs préoccupations face aux profonds changements du 21e siècle.

A.L.

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