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Sondage : l’Allemagne, qu’en pensent les Français ?
Le nouveau sondage de l'ambassade d'Allemagne en France vient d'être presenté, © Ambassade d'Allemagne, Paris
Comment les Français perçoivent-ils l’Allemagne ? La connaissent-ils ? L’aiment-ils ? Et les relations franco-allemandes ? Tous les deux ans, l’ambassade d’Allemagne fait réaliser un sondage sur la perception de l’Allemagne par les Français. L’édition 2024 vient de paraître.
Selon Ulrich Wickert, un célèbre journaliste allemand qui fut longtemps correspondant de la première chaîne allemande (ARD) en France, il faut aimer la France pour pouvoir la comprendre. Et l’Allemagne ? Comment les Français la perçoivent-ils ? L’aiment-ils ? La comprennent-ils ? Suscite-t-elle leur intérêt ou leur indifférence ? Comment voient-ils les relations franco-allemandes dans cette période de bouleversements ? Tous les deux ans, l’ambassade d’Allemagne en France fait réaliser un sondage auprès des Français. La dernière édition a été présentée mardi 14 janvier à l’hôtel de Beauharnais. Elle révèle des évolutions, notamment parmi les plus jeunes, mais pas de bouleversements.
Les Français ont une bonne image de l’Allemagne
Ainsi, ce qui valait hier vaut toujours aujourd’hui : l’Allemagne jouit en France d’une très bonne image. 88 % des Français affirment avoir une bonne ou une très bonne image de leurs voisins d’outre-Rhin, selon notre sondage, réalisé auprès d’un échantillon représentatif par CSA Research entre le 28 novembre et le 4 décembre 2024.
Cette proportion est assez stable, voire en légère augmentation dans le temps. Elle oscille depuis 13 ans entre 82 % (2012) et 91 % (2020). En 2024, seuls 1 % des sondés ont une très mauvaise image de l’Allemagne. À l’inverse, 18 % ont une très bonne image de l’Allemagne. Le chiffre a augmenté de cinq points en deux ans. Les personnes parlant allemand (95 %) ou connaissant bien l’Allemagne (93 %) ont une vision encore plus positive que la moyenne.
L’Allemagne inspire aussi aux Français des sentiments majoritairement positifs (72 %) : la sympathie (35 %) et le respect (27 %) devancent largement la méfiance (13 %). Les sentiments négatifs sont toutefois en légère augmentation (+ 2 %) depuis 2022.
Les jeunes, plus curieux du pays voisin
Et les jeunes ? Il ressort de notre enquête que les 18-24 ans sont nettement plus curieux du pays voisin que la moyenne. Les trois quarts disent leur envie de voyager en Allemagne (74 %, contre 61 % dans la population générale) et de découvrir sa culture (76 %, contre 58 %). La moitié souhaite apprendre l’allemand (contre 29 % dans la population générale), faire des affaires en Allemagne (49 %, contre 27 %), y faire des études (46 %, contre 20 %) ou y travailler (43 %, contre 23 %). Un sur trois aimerait vivre outre-Rhin (33 %, contre 23 %) ou y créer son entreprise (31 %, contre 15 %).
L’Allemagne bénéficie aussi d’une cote d’amour supérieure chez les 18-24 ans. 56 % des jeunes disent aimer l’Allemagne, dont 17 % beaucoup l’aimer, contre 49 % de l’ensemble des répondants.
Les jeunes se démarquent, par ailleurs, par une meilleure connaissance de l’Allemagne. Près d’un sur deux (48 %) affirme bien la connaître, dont 12 % très bien. C’est le cas de seulement un tiers (34 %) des sondés toutes générations confondues.
Des poncifs très présents, mais une perception qui évolue
Qu’aiment les jeunes en Allemagne ? Selon notre sondage, leur perception du pays diffère légèrement de celle de l’ensemble de la population. Ils sont plus réceptifs que la moyenne au rayonnement culturel de la République fédérale (38 %, contre 22 % de la population), ainsi qu’à son rayonnement sportif (21 %, contre 16 %), militaire (21 %, contre 10 %), intellectuel (18 %, contre 14 %), linguistique (12 %, contre 7 %) et artistique (9 %, contre 7 %). Inversement, ils sont moins sensibles aux aspects économiques (42 %, contre 67 %) et politique (24 %, contre 39 %).
À l’Allemagne, ils associent aussi plus souvent que la moyenne des valeurs de qualité de vie, de convivialité, et moins souvent des valeurs de puissance, de rigueur et de travail.
Ainsi, le travail reste le premier mot que les Français associent à l’Allemagne (à 89 %). Il est suivi par la puissance économique (84 %), la rigueur budgétaire (84 %) et la puissance politique en Europe (83 %).
Mais chez les jeunes, on observe des nuances : le travail (85 %) ne devance la qualité de vie (84 %) que de peu. La puissance économique et la puissance politique (75 % chacune) font jeu égal avec la convivialité (75 %) et la solidarité (74 %). Ces deux termes sont beaucoup moins souvent associés à l’Allemagne dans le reste de la population (respectivement 69 % et 60 %). Cela est également vrai de la protection de l’environnement (68 %, contre 53 %).
La relation franco-allemande : bonne et nécessaire pour l’Europe
Selon notre sondage, les Français jugent, par ailleurs, que la relation franco-allemande est bonne (74 %, et même 88 % chez les 18-24 ans). Le chiffre est stable par rapport à 2022. La moitié (52 %) des sondés (+ 4 points) estime toutefois qu’elle se dégrade, et un tiers (34 %) qu’elle reste stable. Chez les jeunes, 46 % des sondés jugent qu’elle s’améliore.
Les Français qualifient volontiers la relation avec l’Allemagne de partenariat (48 %, 37 % chez les jeunes). 35 % y voient une amitié (37 % des jeunes). 25 % évoquent la confiance (32 % des jeunes), et 18 % la solidarité (37 % des jeunes). Rivalité (23 %), méfiance (20 %) et incompréhension (15 %) demeurent toutefois, voire augmentent, à part chez les jeunes.
La relation franco-allemande apparaît aux Français moins solide (65 %, - 7 points) et moins satisfaisante (58 %, - 7 points) qu’il y a deux ans. L’impression que le couple franco-allemand fait progresser la puissance de l’Europe tend à se diluer (37 %, - 11 points). Mais la relation franco-allemande semble toujours aussi nécessaire (à 83 %) à l’avenir de l’Union européenne et à celui de la zone euro qu’en 2022.
Enfin, sur la politique allemande, les Français ont du mal à se prononcer. Cela semble le fruit d’une certaine méconnaissance. De fait, révèle notre sondage, si l’Allemagne jouit en France d’une bonne image, elle reste, aujourd’hui comme hier, un voisin relativement mal connu.
A.L.