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Avec l’IA, de nouveaux horizons pour la coopération franco-allemande

La France et l’Allemagne sont deux acteurs majeurs dans le domaine de l’intelligence artificielle. Depuis 2019, leur coopération s’est accentuée en vue de developper une IA éthique, axée sur le bien commun et contribuant à la souveraineté technologique de l’Europe., © picture alliance / imageBROKER | Kurt Amthor
Depuis 2019, l’Allemagne et la France ont intensifié leur coopération dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Leur ambition d’une IA européenne éthique, au service du bien commun, était à l’ordre du jour la semaine dernière, autour de la Journée franco-allemande.
Optimisation des chaînes de production, analyse prédictive des risques financiers, transports publics intelligents, imagerie médicale, assistants vocaux : l’intelligence artificielle façonne de plus en plus le travail et la vie quotidienne de nos sociétés. Ses avancées sont fascinantes. Mais elles comportent également risques et défis. Comment élaborer une IA éthique, mise au service du bien commun ? C’est la perspective privilégiée en Europe, notamment en France et en Allemagne. En amont du Sommet pour l’Action sur l’IA, qui développera cette thématique début février à Paris, deux événements ont eu lieu les 21 et 24 janvier à Paris et Berlin, à l’initiative des ambassades d’Allemagne en France et de France en Allemagne.
Dialogue sur l’IA à Paris et Berlin
À Paris, le débat s’est concentré sur les dimensions sociétales de l’IA. À l’invitation de l’ambassadeur d’Allemagne, Stephan Steinlein, des experts scientifiques, acteurs politiques, acteurs du monde de l’entreprise, spécialistes de la société et étudiants ont pu confronter leurs perspectives dans un contexte franco-allemand. La ministre-présidente de la Sarre, présidente du Bundestag et Plénipotentiaire de la République fédérale d’Allemagne chargée des relations culturelles franco-allemandes, Anke Rehlinger était également présente.
« Notre tâche est de façonner activement cette technologie - en tant qu'Européens, en mettant clairement l'accent sur les valeurs éthiques, la justice sociale et les principes démocratiques fondamentaux », a souligné M. Steinlein.
« Si l’Europe veut jouer un rôle dans le domaine de l’IA, ses pays doivent coopérer encore davantage qu’aujourd’hui. Ils doivent partager leur savoir, leurs données, leurs recherches au sein de l’Europe, et développer des produits et des applications qui répondent à nos standards. » Sans oublier l’enjeu de plus en plus pressant de la résilience de nos démocraties.
Après la discussion liminaire, les participants, réunis en groupe de travail, ont pu aborder spécifiquement les cinq grands axes retenus pour le sommet de Paris : Innovation et culture, Avenir du travail, IA de confiance, IA pour l’intérêt général et Gouvernance mondiale de l’IA.
Anja Dujić, directrice du laboratoire d’idées pour la société du travail numérique au ministère allemand du Travail et des affaires sociales fait partie des experts qui avaient fait le déplacement depuis Berlin. « Le monde du travail est l’une des sphères sociales qui seront les plus touchées par le recours à l’intelligence artificielle », nous a-t-elle expliqué.
« Nous estimons que d’ici la fin de la décennie, il n’y a aura pas un seul emploi qui n’aura pas été affecté par le recours à l’IA. Mais nous pensons également que l’IA ne signifiera pas la fin du travail humain. Nous croyons aux effets sur la productivité et aux opportunités de l’IA. Mais il faut un débat public sur la manière dont nous pouvons protéger employés et travailleurs d’une utilisation abusive de l’IA. »
Un rôle à jouer promouvoir la vision européenne d’une IA au service du bien commun
Le débat franco-allemand s’est poursuivi trois jours plus tard à Berlin. L’ambassade de France avait choisi de mettre l’accent sur l’IA appliquée à l’industrie. Des chercheurs de l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) et de la Société Fraunhofer ont dialogué avec des dirigeants d’entreprises industrielles françaises et allemandes à l’invitation de l’ambassadeur, François Delattre.
Ensemble, les acteurs français et allemands ont dialogué sur la construction d’une IA européenne forte, basée sur les capacités et potentiel des deux pays. En présence de représentants des gouvernements français, allemands et de l’Union européenne, ils ont échangé sur les éléments essentiels pour favoriser son essor : les données, la capacité de calcul, l’énergie, les talents, le financement.
Ils ont aussi travaillé de concert aux priorités à cibler, à un ensemble d’actions de suivi et à des propositions, notamment en préparation du Sommet pour l’Action sur l’IA, prévu les 10 et 11 février à Paris.
« La France et l’Allemagne ont un rôle moteur à jouer pour promouvoir une vision européenne d’une IA de confiance, au service de l’intérêt général, et régie par une gouvernance inclusive et efficace », a souligné M. Delattre sur X.
Intensification de la coopération depuis 2019
Ainsi, nul doute que les choses ne vont pas en rester là. Le dialogue est appelé à se prolonger, notamment en vue du Sommet pour l’Action sur l’IA de Paris en février et du Forum Franco-Allemand sur la coopération en recherche, prévu le 15 juin à Berlin.
Il peut s’appuyer sur une coopération franco-allemande qui s’est beaucoup intensifiée depuis 2019 dans le domaine de l’IA. Sur la base du traité d’Aix-la-Chapelle, plusieurs initiatives ont été lancées pour renforcer les capacités technologiques et à promouvoir une IA éthique et souveraine en Europe.
Par exemple, des clusters bilatéraux d’IA ont été créés sur des sujets spécifiques. Avec deux appels de fonds bilatéraux de 2020 et 2022, 20 projets de recherche ont été et sont financés par les ministères allemand (BMBF) et français (MESR). Ils représentent un volume de financement combiné d'un total de 24 millions d'euros. En outre, nos pays investissent conjointement 17,9 millions d’euros dans cinq projets bilatéraux d’IA liés aux entreprises qui ont débuté en 2022.
De leur côté, l’INRIA et le Centre allemand de recherche en intelligence artificielle (DFKI) ont renforcé leur partenariat technologique.
Enfin, Paris et Berlin ont initié avec les Pays-Bas une candidature commune auprès de la Commission européenne pour la création d’un European Digital Infrastructure Consortium (EDIC) dédié aux communs numériques. Les trois pays souhaitent faciliter la mise en œuvre de projets numériques d’envergure, tels que les espaces numériques de travail, et à réduire les dépendances technologiques.
A.L.