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Allocution de S.E. Monsieur Stephan Steinlein, Ambassadeur d‘Allemagne en France, à l‘occasion de la Journée de l‘unité allemande, le mercredi 4 octobre 2023 à sa Résidence, l’Hôtel de Beauharnais
Monsieur le Ministre-président, sehr geehrter Herr Ministerpräsident Kretschmer,
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
C’est une journée forte en émotions pour moi aujourd’hui.
Car c’est la première fois que je m’adresse à vous en tant qu’ambassadeur d’Allemagne. Une raison suffisante en soi d’être ému.
Mais cette journée est aussi pour moi pleine de souvenirs.
Il y a 33 ans, le 3 octobre 1990, j’étais l’un d’entre vous.
J’étais en effet l’un des invités de cette réception en tant que dernier ambassadeur de la RDA. Ambassadeur au mandat d’emblée prévu pour être de courte durée, j’avais été nommé après les premières élections démocratiques pour assister à la disparition de mon pays, disparition sans regret, voulue par toutes les forces démocratiques.
Le 3 octobre 1990 à l’Hôtel de Beauharnais, l’ambiance était à la fête.
Et je me souviens bien de la joie et de l’espoir qui régnaient sur cette pelouse.
C’était aussi le début d’une marche vers l’inconnu, pour moi et pour la partie de ma patrie dont je suis originaire.
Tous les rêves ne se sont pas réalisés, certains espoirs ont été déçus.
Mais à presque tous les égards, l’histoire de la réunification est l’histoire d’une réussite.
Il suffit de parcourir les villes et les villages de Saxe ou du Brandebourg pour se convaincre que les paysages fleuris dont parlait le chancelier Kohl sont devenus réalité.
Avant d’obtenir mon agrément il y a 33 ans, j’ai été reçu par l’ambassadrice française de l’époque à Berlin-Est, Madame Timsit, une proche du président Mitterrand.
Elle m’a longuement interrogé sur ma position à l’égard de l’intégration européenne et des relations franco-allemandes.
Il semblerait que j’ai à peu près réussi l’examen de passage. En tout cas, j’ai obtenu l’agrément nécessaire.
À l’époque, bon nombre de Français se demandaient quel chemin l’Allemagne prendrait une fois réunifiée.
L’Allemagne resterait-elle un partenaire fiable pour la France ?
Resterait-elle fidèle à sa vocation européenne ?
Ici-même aujourd’hui, l’Allemagne est représentée par deux Allemands de l’Est qui accueillent leur invité d’honneur français, mon ami Clément Beaune, qui, en raison d’une urgence, ne nous pourra nous rejoindre que dans quelques instants.
Ici-même aujourd’hui, ces deux citoyens originaires de nouveaux länder s’engagent pleinement en faveur de l’intégration européenne et de l’entente franco-allemande.
Cela montre clairement que l’Allemagne réunifiée est restée fidèle à son partenariat d’exception avec la France et qu’elle est restée profondément européenne.
Il y a trois ans, à l’occasion du 30e anniversaire de la réunification, j’ai pu assister à un moment franco-allemand extrêmement fort.
Nous étions assis autour d’une table à Berlin, en très petit comité, sur l’invitation du président allemand Frank-Walter Steinmeier.
Il y avait là le président français Emmanuel Macron, la chancelière Angela Merkel, quelques témoins de la révolution pacifique de 1989, et quelques proches des deux présidents.
J’étais assis à côté de Clément Beaune, notre invité d’honneur, alors conseiller européen du président Macron.
Il m’a montré les photos de son premier voyage à Berlin, un voyage qu’il a effectué avec son père peu après la chute du Mur.
Et il m’a expliqué que pour lui, pour son père, pour sa famille, il était important de partager cette expérience avec nous, Allemands.
La discussion autour de cette table portait sur les évènements de 1989 et leur signification pour notre avenir commun.
Et nous étions tous d’accord : Ce qui s’était passé en 1989 à Varsovie, à Berlin, à Prague, avait une signification historique et politique plus profonde qui s’était inscrite à jamais dans notre mémoire collective européenne.
C’était la victoire de la liberté sur la dictature,
de la parole sur le silence,
de la vérité sur le mensonge.
Après 1989, beaucoup ont cru que la liberté et la démocratie s’étaient définitivement imposées. Nous savons aujourd’hui que ce n’était malheureusement pas le cas.
La liberté et la démocratie sont menacées de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur.
Menacées par des forces extrêmes qui jouent sur les peurs, menacées par de grands simplificateurs qui séduisent avec leurs réponses en noir et blanc.
Je suis convaincu que nous pouvons vaincre les ennemis de la liberté et de la démocratie, qu’ils viennent de l’intérieur ou de l’extérieur,
si nous montrons que l’Europe est forte,
qu’elle est unie,
qu’elle sait se défendre et y consacrer les moyens nécessaires,
qu’elle pense de façon stratégique, domaine dans lequel les Français nous devancent,
qu’elle est créative,
qu’elle est mieux à même que d’autres de relever les défis du changement climatique.
Et, ne l’oublions pas : que l’Europe a une âme, qu’elle a des valeurs, qu’elle est ouverte au monde et reste une terre d’accueil.
Cette ouverture est elle aussi une force.
Je suis très heureux que la Saxe soit cette année le land partenaire de la Journée de l’unité allemande.
Je vous remercie, Monsieur le Ministre-Président, cher Michael Kretschmer, d’être venu à Paris aujourd’hui et d’avoir apporté un soutien décisif à l’organisation de cette fête.
Votre choix de co-parrainer cette réception s’inscrit dans votre action résolue en faveur de l’approfondissement des relations entre votre land et la France. La Saxe entretient des relations très étroites avec l’Occitanie en particulier, comme j’ai pu le constater lors de ma visite à Toulouse la semaine dernière.
Cette Journée de l’unité allemande n’aurait pu être organisée sans l’aide de nombreuses personnes.
Outre le land de Saxe, je tiens à remercier nos sponsors Airbus, Bosch, Mercedes, Merck, Remondis et Siemens pour leur précieux soutien.
Le service est assuré ce soir par les apprentis de l’école française de gastronomie FERRANDI Paris dans le cadre de leur formation. Je pense que nous pouvons les applaudir !
Un grand merci également à l’harmonie de la ville d’Olbernhau, dirigée par Jens Kaltofen.
Enfin, je tiens à saluer le travail des équipes de l’ambassade et de l’Hôtel de Beauharnais qui ont assuré les préparatifs de cette soirée et veillent à son bon déroulement aujourd’hui.
Je vous souhaite à toutes et à tous une belle soirée franco-allemande.
Une soirée pleine d’amitié, de dialogue, de confiance.
Ensemble, nous sommes plus forts.
Ensemble, nous ferons face aux ennemis de la liberté et de la démocratie.
Merci d’être venus et de partager cette soirée avec nous.