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Numérique : Paris et Berlin donnent le coup d’envoi d’une Europe plus souveraine

Le président Emmanuel Macron (g.) et le chancelier Friedrich Merz (dr.) au Sommet sur la souveraineté numérique européenne, mardi 18 novembre, à Berlin.

Le président Emmanuel Macron (g.) et le chancelier Friedrich Merz (dr.) au Sommet sur la souveraineté numérique européenne, mardi 18 novembre, à Berlin. © picture alliance/dpa | Kay Nietfeld

21.11.2025 - Article

À l’heure où la souveraineté et la puissance passent par la technologie, un Sommet organisé à Berlin par l’Allemagne et la France a ouvert cette semaine la perspective d’une Europe plus indépendante des géants américains et chinois du numérique.

Technologie, infrastructures, investissements : l’Allemagne et la France ont donné cette semaine le coup d’envoi à la construction d’une Europe plus souveraine dans le numérique. Elles ont coorganisé à Berlin un Sommet sur la souveraineté numérique européenne qui a réuni 900 personnalités du monde politique, économique, technologique et de la société civile autour du chancelier Friedrich Merz et du président Emmanuel Macron. La vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Henna Virkkunen, et les ministres de 23 pays européens étaient présents.

L’objectif était de donner l’impulsion à une consolidation de la souveraineté numérique de l’Union européenne (UE), et de réunir les compétences autour de cette ambition. Car il s’agit désormais d’un enjeu stratégique. À l’heure où la souveraineté et la puissance passent par la technologie, le Vieux continent reste très dépendant des géants américains et chinois, de Microsoft à Amazon ou Tik Tok. C’est un facteur de vulnérabilité, dont les évolutions géopolitiques accentuent la prise de conscience, notamment sur le plan de la sécurité.

L’Europe veut tracer sa propre voie

Réunion franco-allemande à l’issue du Sommet sur la souveraineté numérique européenne, co-organisé par les deux pays.
Réunion franco-allemande à l’issue du Sommet sur la souveraineté numérique européenne, co-organisé par les deux pays. © picture alliance/dpa/EPA pool | Filip Singer

La situation actuelle n’a rien d’irrémédiable, ont assuré à Berlin les responsables à Paris et à Berlin. La concurrence est rude. Mais l’Europe possède de nombreux atouts pour rattraper son retard et tracer sa propre voie en matière de solutions numériques.

Pour preuve, ont rappelé les responsables français et allemands, l’Europe est dans la course dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Elle voit se multiplier les centres de calcul : il y a quelques jours encore, le groupe Schwarz annonçait un investissement de 11 milliards d’euros dans la construction du centre de calcul le plus moderne d’Europe à Lübbenau (Brandebourg), avec une alimentation exclusive en électricité décarbonée. En matière de calcul à haute performance, le centre de recherche de Jülich (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), vient de se doter du quatrième supercalculateur le plus puissant au monde (JUPITER).

« Nous pouvons et voulons, en Europe, faire partie des meilleurs dans le domaine des technologies stratégiques. Nous avons de entreprises puissantes, le savoir-faire, les compétences et la créativité. L’Allemagne et la France veulent être les moteurs de la souveraineté numérique européenne », a déclaré Karsten Wildberger, ministre allemand du Numérique et de la modernisation de l’État.

Technologie, infrastructures, investissements

La tâche est maintenant de renforcer les capacités technologiques européennes, de développer les infrastructures numériques et d’encourager l’investissement et l’innovation afin de faire émerger des solutions numériques « made in Europe », respectant les valeurs démocratiques continent.

« Nous voulons affirmer clairement que la souveraineté numérique de l’Europe est essentielle pour l’Europe et pour nos valeurs communes, mais aussi pour la compétitivité de notre économie, pour notre sécurité et pour notre défense », a plaidé le chancelier Friedrich Merz.

Le sommet a posé plusieurs jalons. Berlin et Paris ont ciblé sept domaines stratégiques : la simplification réglementaire, des marchés numériques plus équitables, la souveraineté des données, les communs numériques, les infrastructures numériques publiques et outils open source dans l’administration publique, l’innovation de rupture dans l’IA de frontière.

Ils ont réaffirmé leur volonté de façonner un cadre réglementaire européen simple, favorable à l’innovation et compétitif. Friedrich Merz et Emmanuel Macron se sont dits favorables à un report de douze mois des dispositions de l’IA Act relatives aux systèmes d’IA à haut risque. Ils demandent également des mesures ciblées de simplification du RGPD (Règlement général sur la protection des données).

En matière de sécurité des données, ils appellent la Commission européenne à définir des normes de protection plus élevées pour les données les plus sensibles (notamment contre les risques de cybersécurité).

Portefeuille d’identité numérique

Les deux premières économies européennes soutiennent, par ailleurs, le développement du portefeuille d’identité numérique (EUDI wallet) comme moyen sûr, fiable et respectueux de la vie privée pour l’identification numérique des citoyens européens.

Pour réduire leur dépendance technologique, elles veulent aussi développer l’utilisation des outils open source dans leurs administrations, dans le prolongement du développement des communs numériques Open Desk/ La Suite numérique.

Elles appuient également la création du Consortium européen pour les infrastructures numériques (Digital Commons-EDIC) pour le développement de communs numériques, avec l’Italie et les Pays-Bas.

Groupe de travail

Lors du sommet, la France et l’Allemagne ont aussi décidé de créer un groupe de travail sur la souveraineté numérique européenne. Il aura pour mission d’élaborer une définition commune du service numérique européen, de développer des indicateurs de souveraineté dans des secteurs clés (services cloud, IA, cybersécurité) et de formuler des propositions. Celles-ci seront présentées lors du conseil des ministres franco-allemand en 2026.

18 nouveaux partenariats privés

De leur côté, les entreprises françaises, allemandes et européennes présentes se sont engagées à investir plus de 12 milliards d'euros dans le secteur numérique européen.

18 nouveaux partenariats et accords commerciaux franco-allemands ont été signés. Ils concernent la filiale de SAP Delos et l’entreprise de services française Bleu, la start-up munichoise Helsing et Mistral pour les technologies d’IA dans le domaine de la défense, l’assureur Allianz et la start-up d’IA Parloa ou encore l’hôpital berlinois de la Charité et l’institut Gustave Roussy. Le géant allemand des logiciels SAP et la start-up française Mistral AI ont signé une déclaration d’intention en vue de développer des solutions communes pour l’administration.

A.L.

En savoir plus :

Sommet sur la Souveraineté numérique européenne

Conférence de presse

Discours du chancelier fédéral, Friedrich Merz

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